« Je suis originaire d’« Afrique », mais je partage la même identité que tous ceux qui sont arrivés ici et qui vivent ici », a lancé une participante lors de la table ronde du Centre de recherche en immigration, ethnicité et citoyenneté ( CRIEC ) qui portait sur la construction de la citoyenneté et de l’identité à travers les mobilisations sociales latino-américaines le 12 septembre à l’UQAM. Les cinq conférenciers étaient plutôt d’avis que les mouvements sociaux mènent des luttes séparées pour leur affirmation citoyenne.
La professeure de la Pontifícia Universidade Católica de São Paulo, Yolanda Gloria Gamboa Muñoz a entamé la discussion en mentionnant que l’appartenance du Brésil et des pays des Caraïbes à l’Amérique latine est récente dans l’histoire, datant du début du XXe siècle. Il s’agissait d’associer la langue portugaise et les façons brésiliennes de faire la politique, d’éditer les écrits et de gérer les entreprises avec les façons de faire des pays de l’Amérique « espagnole ».
L’étudiante au doctorat en science politique à l’UQAM, Adriana Pozos, nous a fait part de ses recherches sur les 150 000 migrants qui traversent la frontière sud du Mexique à chaque année. La plupart d’entre eux courent le risque d’être séquestrés ou de disparaître à cause du trafic de drogue ou d’organes. Alors que l’étudiante au doctorat en science politique à l’Université d’Ottawa, Marie-Dominik Langlois, étudie la communauté Xinka au Guatemala qui s’est créé une identité collective et politique de par sa résistance à une compagnie minière.
Le professeur de la Universidad Cardenal Silva Henríquez au Chili, Carlos Bustos Reyes a introduit une dimension sociétal de l’affirmation citoyenne en réaction à la dictature qui a mis un terme à la pensée critique foisonnante des années 1950 à 1970 au Chili. Il s’agit d’un travail collectif de mémoire et de redémocratisation afin de repenser la relation à l’autre, à l’encontre de la naturalisation de la violence, qui touche les citoyens de tous les âges.
La professeure au Département de science politique à l’UQAM, Leila Celis, a abordé l’affirmation citoyenne du paysan colombien afin de contrer la classe dominante qui le dépossède de sa terre et l’exploite. Le mouvement agraire en Colombie consiste à bâtir une économie paysanne favorisant l’autogestion, avec l’aide financière du gouvernement.
Bien que les Brésiliens, les migrants en sol mexicain, les membres de la communauté Xinka, les Chiliens et les paysans colombiens se rejoignent de par leur lutte pour obtenir une reconnaissance légale, ils ne s’unissent pas de par leur identité.
À l’échelle de l’Amérique latine, un changement de politique a tout de même eu lieu au début des années 1990, a affirmé la professeure Leila Celis. Les gouvernements sont passés d’un nationalisme libéral axé sur l’individu métissé à un multiculturalisme néolibéral où chacun se définit par son avoir matériel.
N’empêche que les Mapuche de l’Argentine, les Standing Rock Sioux du Dakota du Nord et les Premières Nations Québec-Labrador ( APNQC ) s’opposent tous à l’industrie pétrolière, pour la préservation de l’environnement.