Dans un monde en voie de disparaître, le train poursuit son infatigable voyage. Au bout du circuit, après avoir affronté des hordes de morts-vivants, notre conducteur parviendra, peut-être, à la Final Station. Mais à quel prix?
Simulateur de conduite de train combiné à une épopée narrative se déroulant dans un univers s’enfonçant peu à peu dans le mystère et la mort, The Final Station est une création du studio Do My Best Games, sous la supervision de Tiny Build, spécialisé en jeux indépendants. En tant que conducteur de train au service d’une grande corporation – et pas le meilleur, d’ailleurs, nous prévient-on dès le départ -, le joueur devra tenter de faire la lumière sur les étranges événements entourant la « deuxième visite ».
Car oui, c’est bien de la deuxième visite qu’il s’agit, plus d’un siècle après la première apparition des « autres », des entités mystérieuses qui ont suscité une peur telle que le gouvernement a décidé de construire un robot géant pour contrer un retour de ces envahisseurs.
S’agit-il de ces zombies noirs qui se répandent et se multiplient au fur et à mesure que notre héros envoie sa locomotive poussive vers la capitale d’un pays en proie à la panique et à la paranoïa? Ou est-ce plutôt autre chose, quelque chose de plus dangereux encore que des hordes de morts-vivants tuant tout sur leur passage?
Superbe exemple de découverte narrative, The Final Station dévoile ses fondations scénaristiques au compte-goutte. Plutôt que d’imposer ses éléments structurants, le jeu éparpille ceux-ci dans les différents niveaux que visitera le conducteur et son train. Extraits de livres, coupures de journaux, dialogues entre les passagers, explications pressées de scientifiques, de militaires, ou encore déclarations sibyllines de mystérieux individus au regard lumineux… Même en explorant tous les recoins des stations, villes et autres bases militaires, le joueur a l’impression de n’être qu’un pion au mieux à moitié informé des événements en cours. Et c’est tant mieux, puisque le conducteur, manipulé par les autorités, n’est effectivement qu’un rouage – essentiel, certes, mais un rouage tout de même – dans une gigantesque machine.
Il fallait accomplir un tour de force pour faire de Final Station un univers vivant et complexe. Après tout, ce n’est pas tous les jours qu’un jeu d’exploration en deux dimensions peut prétendre disposer d’un monde narratif à la profondeur bien réelle; et en fait, le studio a beau parler d’un jeu de zombies, les morts-vivants ne sont qu’une préoccupation secondaire malgré leur impact bien réel. Une bonne partie du jeu est ainsi consacrée aux combats contre ces monstres noirs, à la récupération et à la fabrication de munitions et de kits médicaux, mais on a l’impression que cet aspect a été ajouté pour que le jeu comporte une part d’action.
Cela ne veut pas dire que cette partie « action » soit justement de trop: un walking simulator, un jeu d’exploration sans jamais craindre pour sa vie, tout cela aurait justement semblé fade, ordinaire, et bien moins stressant. N’oublions pas non plus que cette « deuxième visite » est en quelque sorte une apocalypse, une catastrophe globale et permanente.
On ressort de Final Station avec une certaine frustration. On aurait aimé en apprendre davantage, mieux comprendre l’histoire de ces « visites », aller au-delà des différentes gares alors qu’il semble y avoir tant à découvrir plus loin. Mais c’est cette façon de faire, cette retenue qui permet de classer The Final Station dans les bons, voire les très bons jeux. Juste assez de contenu pour titiller le joueur, sans toutefois verser dans l’excès et risquer de gâcher le potentiel du titre.
À se procurer sur Steam.