Les sargasses sont de retour: ces algues brunes qui s’accumulent dans une région de l’Atlantique qui leur doit son nom — la « mer des Sargasses » — commencent à atteindre, au gré des courants marins, les côtes de la Floride et du golfe du Mexique. Et elles pourraient dépasser cette année le record de 31 millions de tonnes.
On en parlait jadis comme du « banc » des Sargasses: un banc d’algues qui croît et décroît chaque année au rythme des saisons, dans une région de l’Atlantique située à l’Est des États-Unis. Sauf que ce « banc » croît tant et si bien depuis une décennie qu’on en est plutôt venu à parler d’une « ceinture » des Sargasses: une bande faisant des milliers de kilomètres de long, qui s’étire du golfe du Mexique jusqu’aux côtes de l’Afrique.
Ces grandes algues (ou « macroalgues ») ne sont pas toxiques — en fait, elles constituent même un habitat pour de nombreuses espèces de poissons et de crustacés, de même que pour des tortues marines. Mais elles deviennent un problème lorsqu’elles s’échouent sur les plages: comme tout organisme qui se décompose, ça dégage une odeur nauséabonde. Et avec des millions de tonnes, ça représente une grosse facture pour les autorités locales: il faut les ramasser, s’en débarrasser — et le tout, en essayant de ne pas faire fuir les touristes.
Or, cela fait à présent plusieurs années d’affilée que la « saison des sargasses » — d’avril à août — est marquée par des pics d’échouage. Le 30 avril, des experts de l’Université de Floride du Sud estimaient le poids de la « ceinture des Sargasses » à 31 millions de tonnes, ce qui battait déjà le précédent record, établi en juin 2022 — alors que juin et juillet correspondent au sommet de la saison de ces algues.
Quelle est la cause de cette croissance observée depuis un peu plus de 10 ans?
- Le réchauffement des eaux est évidemment le premier suspect. Auquel cas, le problème risque de gagner en importance.
- Un autre suspect souvent évoqué: l’excès d’azote dans l’eau à cause des gaz à effet de serre et des poussières du Sahara.
- Enfin, les déversements de nutriments par les grands fleuves — à cause de l’agriculture et de la déforestation — pourraient contribuer à cette croissance. Une recherche publiée en 2021 a toutefois obligé à nuancer cette dernière hypothèse: les périodes d’expansion des algues ne correspondent pas aux périodes d’augmentation des quantités de nutriments déversés par les fleuves Congo, Amazone et Mississippi.