La crise climatique comme toile de fond machiavélique: dans un monde ravagé par l’impact d’un effondrement environnemental, les Nations unies s’entendent pour poser un geste sans précédent: l’euthanasie de 20% de la population terrestre. Une idée lugubre qu’exploite la réalisatrice Caitlin Cronenberg dans Humane.
Premier long-métrage de celle qui, comme son nom l’indique, est la fille du célèbre cinéaste, Humane se déroule sur fond de crise climatique, certes, mais s’apparente surtout à un huis clos, à un film où l’on souhaite constamment faire augmenter la tension.
Chez les Yorks, une famille riche dont les quatre enfants ont chacun leurs problèmes, le père et la nouvelle épouse décident de « s’enrôler », du nom de l’euphémisme pour indiquer que l’on souhaite être euthanasié(e) par le gouvernement, non seulement pour contribuer à « l’effort de guerre » de l’humanité, mais aussi pour recevoir un don fédéral de l’ordre de 250 000 $ par personne.
Le hic, c’est que Dawn, l’épouse du père Charles (joué par l’irremplaçable Peter Gallagher), prend la fuite avant que n’arrivent les fonctionnaires de l’État chargés de mener à bien la « procédure ». Résultat: Bob, le chef desdits fonctionnaires, est catégorique: il faut absolument qu’un autre membre de la famille York se sacrifie avant la fin de la soirée. Ce qui veut dire que l’un des quatre enfants York devra mourir.
La prémisse est certainement originale, et on construit rapidement une ambiance de suspicion et de peur entre les enfants York, qui finissent tous par être rongés par la crainte d’être trahi par les autres.
Ajoutez à cela un Bob (fantastique Enrico Colantoni) qui prend beaucoup trop de plaisir à faire souffrir tout le monde, y compris en jetant de l’huile sur le feu en transformant une procédure d’euthanasie relativement simple en un combat pour la survie de chacun, et vous devriez obtenir un excellent huis clos, avec une tension à couper au couteau.
Le hic, c’est que le scénario de Michael Sparaga, solide en début et en fin de film, s’essouffle rapidement en milieu de parcours. On a beau évoquer de sombres secrets chez les quatre enfants York, on n’a malheureusement jamais droit au genre de cruauté psychologique qui fait la force de ce type de huis clos. On se retrouve plutôt à attendre que le temps passe, et si des gens finissent par mourir, on n’en ressentira que bien peu de choses, puisque rien, ou presque, n’est vraiment fait pour que l’on s’attache aux protagonistes.
Notons, toutefois, une très bonne utilisation des couleurs et des lumières, deux aspects techniques qui prennent davantage d’importance à mesure que le temps avance, dans le film, et qu’il devient de plus en plus pressant de trouver une victime sacrificielle. On saluera aussi une brève apparition du body horror qu’apprécie énormément Cronenberg père, sorte de clin d’oeil fort apprécié à l’héritage familial.
Film intéressant sur papier, mais dont l’exécution est malheureusement incomplète, Humane marque un premier plongeon relativement incertain de Caitlin Cronenberg dans le domaine de la réalisation. Nul doute que la suite sera plus accomplie et plus audacieuse.