Il y a déjà 6000 ans, des habitants des environs du Lac Supérieur exploitaient le cuivre. Ils en ont laissé une empreinte dans les sédiments d’un plus petit lac.
La région est connue aujourd’hui des géologues pour ses mines de cuivre. Mais à l’époque, il n’était pas nécessaire d’utiliser de lourdes machines pour creuser profondément: on pouvait voir le minerai à l’oeil nu, affleurant du sol ou le long de crevasses.
Et s’il y a longtemps que les archéologues savent que les premiers habitants de cette région des Amériques ont utilisé du cuivre, grâce à leurs artefacts, dater les débuts de l’extraction du cuivre a toujours été hasardeux: les objets ont pu voyager loin de leur lieu d’origine et les anciens sites ont été enterrés par les exploitations minières des deux derniers siècles.
La géochimiste Kathryn Vall, de l’Observatoire des Grands Lacs à l’Université du Minnesota et ses collègues, se sont donc tournés vers les sédiments. Chaque couche de sédiments est le plus proche équivalent des cercles des troncs d’arbres: elle contient des informations sur la météo d’une année, les incendies, les sécheresses —et, dans ce cas-ci les résidus miniers qui, portés par le vent, se sont déposés au fond de deux petits lacs situés sur l’Ile Royale, une île de 70 km de long située du côté américain du Lac Supérieur, non loin de la côte. Une île sur laquelle les chercheurs ont l’oeil depuis une décennie.
Plus précisément, ce que les chercheurs peuvent détecter, c’est du plomb, comme sous-produit des efforts qui devaient être menés à l’époque pour extraire le cuivre: casser la roche produit beaucoup de poussière, et le feu nécessaire pour liquéfier le cuivre le séparent aussi du plomb, qui se disperse ainsi dans les environs.
Les sédiments montrent un pic de « pollution » il y a 6000 ans, écrivent les chercheurs dans la revue Anthropocene, ce qui correspond aux traces archéologiques d’occupation de la région.