Les Américains sont plus de trois fois plus portés à partager de fausses nouvelles et des théories de la conspiration à propos de la COVID-19 que les habitants de quatre autres pays anglophones, y compris le Canada, selon une étude de l’Université Simon Fraser.
Lorsque la planète a largement arrêté de tourner, au début de 2020, en raison de la pandémie, les chercheurs ont eu accès à une rare opportunité : la possibilité d’étudier le partage des mêmes théories de la conspiration et d’autres fausses nouvelles dans plusieurs pays.
Mark Pickup, professeur de science politique, en compagnie de collègues de l’Université d’État du Colorado et de l’Université McMaster, se sont concentrés sur cinq pays démocratiques anglophones (ou largement anglophones) : les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
Les chercheurs ont découvert que les Américains n’étaient pas plus nombreux à rapporter avoir vu de fausses nouvelles, comparativement aux habitants des autres pays, mais étaient trois fois plus portés à partager cette désinformation avec leurs abonnés sur les réseaux sociaux.
« Les États-Unis sont un pays à part. Nos résultats concordent avec ceux portant sur le rôle démesuré joué par les Américains en ce qui concerne le partage de fausses informations en ligne », précise M. Pickup.
Selon l’étude, publiée dans le Journal of Quantitative Description : Digital Media, il existe quelques raisons expliquant pourquoi les Américains se démarquent.
Si les habitants des autres pays ont indiqué par eux-mêmes avoir partagé de fausses informations pour en informer d’autres personnes ou pour les critiquer, les Américains sont bien plus portés à partager ces théories ou à indiquer leur appui envers elles, et à les utiliser pour tisser des liens avec d’autres personnes.
Le paysage politique polarisé des États-Unis, qui a aussi eu un impact sur les débats à propos de la COVID-19, a également un lien avec le partage de fausses nouvelles. Ceux qui s’identifient comme des conservateurs et ceux qui faisaient confiance au gouvernement de l’ex-président Trump étaient davantage portés à partager de la désinformation en ligne.
Dans tous les pays, ceux qui se disaient davantage populistes et qui font moins confiance aux responsables en matière de santé publique étaient eux aussi davantage portés à partager de fausses informations.
Au Canada, d’ailleurs, l’étude a permis d’établir que la principale raison pour laquelle les internautes partagent des théories de la conspiration est le désir d’informer d’autres personnes de leur existence; la deuxième plus importante raison est le désir de critiquer ces mensonges.
Facebook est la plus importante plateforme, lorsque vient le temps de partager de fausses nouvelles; le réseau de Mark Zuckerberg représente plus de la moitié des gens partageant ces mensonges dans chaque pays sondé.
Les résultats des travaux de recherche sont basé sur l’étude de milliers de coups de sonde effectués dans chaque pays visé, entre juillet 2020 et janvier 2021.