Quelque chose comme une petite salle, certes, mais sans doute aussi quelque chose comme un grand théâtre: pour sa saison 2025-2026, le duo formé de Catherine Vidal et de Xavier Inchauspé, tous deux directeurs artistiques du Quat’Sous, proposent d’aller danser tout près de la roche en fusion. Rien de moins!
« Dansons tous ensemble sur le volcan », écrivent-ils ainsi dans leur mot en début de programmation pour la prochaine saison de l’institution théâtrale située rue des Pins.
« Non pas pour fuir la réalité, mais pour mieux l’affronter, la comprendre, et retrouver les repères qui nous relient face à ceux qui cherchent à nous diviser. Et surtout, pour nous donner, collectivement, la chance de la transformer. »
En entrevue avec Pieuvre, Mme Vidal et M. Inchauspé précisent que cette prochaine saison ne se décline pas en fonction d’un thème précis, mais plutôt de « deux axes moins contraignants ».
Tout d’abord, a poursuivi Mme Vidal, il y a cette idée de « découverte dramaturgique », avec des textes contemporains, qu’ils soient d’ici et d’ailleurs. Ensuite, c’est la question de la turbulence, un état de fait auquel on parvient, par exemple, « en mêlant la dramaturgie à une autre forme d’art ».
« On y va par coups de coeur, avec des pépites; on essaie de voir comment on écrit les histoires, aujourd’hui, de voir ce qui, après 30 ans de théâtre postdramatique qui met de côté les textes, avec de la performance, tout cela… On essaie de voir comment on peut revenir au texte, et ce que cela a apporté comme contamination, au sein de cette nouvelle dramaturgie », a encore indiqué Catherine Vidal.
Dans cette série de huit spectacles, programmés entre septembre de cette année et mai 2026, pas de thème central, donc, mais tout de même des atomes crochus. La place des jeunes, d’abord, semble primordiale. La place de l’histoire, aussi, avec un regard sur l’histoire post-bloc de l’Est. Ou encore cette éternelle idée de l’amour. Et pourquoi pas un regard différent sur la masculinité?
Tout cela se rencontre, s’interpelle, se télescope.
« Dans la prochaine saison, on a plusieurs générations; c’est le fun que ces langages-là, ce dialogue-là puissent s’installer au Quat’Sous, qui est un endroit inter et transgénérationnel », renchérit Xavier Inchauspé.
« Nous, on aime le théâtre qui est non didactique, qui nous amène ailleurs, les oeuvres qui posent davantage de questions qu’elles n’amènent de réponse », poursuit-il.
« On aime aussi les propositions qui sont en lien avec notre salle: c’est un petit plateau, mais c’est chaleureux, avec le public dans la face, et donc un lien direct entre les spectateurs et les comédiens et comédiennes. »
Des spectacles légers… ou dramatiques?
La question revient régulièrement, alors que l’époque actuelle semble plus terrifiante, ou encore plus absurde, que ne pourrait l’être la réalité théâtrale: veut-on s’attaquer aux grands problèmes de notre société, ou veut-on plutôt offrir un moment de détente au public, lui permettre d’oublier ses soucis pendant une soirée?
« Chaque fois que la société va mal, on dirait que l’on souhaite que les shows soient très bubbly, et quand ça va bien, là on fait de gros spectacles », lance Catherine Vidal, sourire en coin.
« On aime beaucoup le mélange; il n’y a rien de mieux qu’un spectacle dans lequel on rit, on pense, on creuse, qui va dans le deep. Je crois donc qu’il y aura encore de l’humour qui va traverser la saison prochaine, parce que les auteurs et les autrices écrivent comme cela, aujourd’hui, en s’enfermant peut-être moins dans des genres qu’à une autre époque », ajoute Xavier Inchauspé.
Impossible, par ailleurs, de ne pas aborder la question du financement de la culture, au moment où les signaux d’alarme retentissent une fois de plus, un peu partout au Québec.
Catherine Vidal l’admet ainsi sans gêne: la salle du Quat’Sous étant assez petite, les revenus de billetterie ne sont pas nécessairement suffisants pour que le théâtre boucle ses fins de mois; l’aide des différents paliers de gouvernement est ainsi essentielle pour faire rayonner la culture et permettre de continuer à faire vivre ce grand art vivant sur les planches de cette institution du Plateau-Mont-Royal.
Que souhaite-t-on, au Quat’Sous, pour cette prochaine saison? « Un mécène! », va de fait lancer Mme Vidal, avant d’éclater de rire.
Sur le plan des idées, cependant, sur le plan de la passion, de l’audace, de l’originalité, de la volonté de faire vivre les grands et petits enjeux de notre époque sur les planches, les deux comparses et collègues (et le Quat’Sous dans son ensemble) ne semblent certainement pas manquer d’idées.
Pour la suite, il faudra découvrir ces huit spectacles programmés pour 2025-2026. Ça promet!