Deux parents qui gagnent le (très) gros lot. Trois enfants qui s’emportent en découvrant que leurs géniteurs ne veulent pas leur donner un rond. Il n’en faut pas plus, dans cette adaptation québécoise de la pièce Chers parents, pour faire s’esclaffer le public du Rideau vert.
Les deux parents en question, interprétés par Luc Senay et Josée Deschênes, n’ont jamais été dans le besoin, mais n’ont jamais été riches, non plus. Et donc, lorsqu’ils mettent secrètement la main sur un gigantesque gros lot, les voilà qui décident de plier bagage et de quitter Rimouski pour… le Cambodge, histoire d’y ouvrir un orphelinat.
Sauf que… sauf que ça ne passe pas avec les trois enfants, donc. Enfants qui ne sont pas nécessairement à plaindre, mais pour qui les relations filiales seraient encore plus agréables si elles s’accompagnaient d’un nombre substantiel de dollars.
Sur le fond, la pièce d’Emmanuel et Armelle Patron, tous deux frère et soeur, pose une question importante: est-ce que l’argent fait vraiment le bonheur? Et, si oui, combien nous faut-il? Mieux encore: sommes-nous prêts à empoisonner une relation familiale pour s’en mettre plein les poches?
Tout cela est bien beau, et si la pièce comporte un bon nombre de gags fort savoureux, surtout pour les membres de familles nombreuses, force est d’admettre que la structure scénaristique de Chers parents laisse largement à désirer. De parents annonçant simplement qu’ils partent vivre au Cambodge, à ces derniers qui indiquent avoir gagné à la loterie – sans vouloir dévoiler le montant obtenu –, aux parents qui refusent de donner un cent à leurs enfants, à – enfin! – ces mêmes géniteurs qui versent un montant substantiel (mais dérisoire, par rapport au total), la démarche est quelque peu fastidieuse.
D’autant plus que toutes ces manipulations émotionnelles et psychologiques semblent davantage tenir du running gag que d’une véritable réflexion sur la place de l’argent, dans la vie, et sur l’importance de disposer d’une marge de manoeuvre financière lorsque l’on veut accéder au bonheur.
Cela étant dit, nous ne sommes pas dans un colloque de philosophie ou de sociologie, mais dans une comédie théâtrale légère qui vient clore la saison du Rideau vert. Et dans le contexte, Chers parents répond à la demande, même si nous sommes loin des grands classiques.
Chers parents, d’Emmanuel et Armelle Patron, adaptation par Danièle Laurin, mise en scène de Marc St-Martin
Avec Simon Beaulé-Bulman, Sonia Cordeau, Josée Deschênes, Steve Gagnon et Luc Senay
Au Rideau vert, jusqu’au 1er juin