Cinquante-sept ans, et toutes ses dents. En prévision de sa prochaine édition, qui aura lieu cet été, le Festival international de la chanson de Granby (FICG) dévoilait récemment la programmation de sa 57e édition. Et entrevue avec Pieuvre, Josée Mailhot, la directrice générale de l’événement, explique avoir voulu, plus que jamais, rassembler le public autour de l’événement, alors que la culture va mal.
Au téléphone, Mme Mailhot explique que « la programmation (d’un tel festival) est un sujet qui passionne les gens ».
« On nous pose beaucoup la question, et de la part de gens qui proviennent de toutes sortes de milieux: on nous dit que programmer le festival doit être passionnant. Effectivement, le paysage culturel est très riche; il y a beaucoup de choix, et beaucoup d’excellents choix, également », indique-t-elle.
« Au FICG, notre mission, c’est d’être une plaque de découvrabilité pour la relève musicale francophone. Ce que nous voulons, c’est permettre aux gens de découvrir de nouveaux artistes. Mais il est certain que lorsque nous sommes uniquement dans la découverte, cela devient plus niché. Et donc, nous offrons un genre de combinaison, où il y a des artistes qui sont plus connus. En parallèle, nous avons aussi des artistes de la relève qui seront avantagés de se retrouver sur notre scène tremplin. »
De fait, pour cette 57e édition du festival, on aura ainsi droit aux prestations d’Alex Nevsky et de Mike Clay, entre autres, mais aussi, chez les interprètes émergents, Kourage, Luan Larobina, ou encore Vice E Roi, pour ne nommer que ceux-ci.
« Il y a plusieurs festivals au Québec; les artistes font la tournée. Et comme notre événement a lieu à la fin août, ce que nous souhaitons, c’est avoir des spectacles qui pourront se distinguer. Nous sommes situés assez près de Montréal, dans une région avec une importante offre culturelle, et donc, on essaie de trouver des concepts originaux », a encore indiqué Mme Mailhot.
Cette dernière reconnaît par ailleurs qu’il y a des échanges, entre événements culturels, mais aussi une veille, chez les agences d’artistes, pour tenir compte de la proximité des sites, par exemple, mais aussi du calendrier estival des interprètes. « Habituellement, il y a une belle collaboration, en général, dans le milieu; nous avons aussi notre identité propre. Notre mission est la musique francophone. Nous n’avons pas de spectacles en anglais », lance encore Mme Mailhot.
Aucun risque qu’un chanteur se décommande de Granby pour aller à Heavy MTL, donc.
Viser la stabilité
Plutôt que de se tourner vers l’horizon, et d’envisager déjà de grandes festivités pour la 60e édition du festival, Josée Mailhot explique qu’en raison de la situation particulièrement difficile, dans le milieu de la culture, et encore plus du côté du financeement, les forces vives sont consacrées à « cimenter les acquis ».
« Nous voulons resolidifier la base; cette année est un peu une année d’originalité, d’inventivité, de faire plus avec moins. Assurément que nous pensons au 60e, le sujet revient régulièrement dans nos conversations, on essaie de voir la suite. Mais avant de penser à quel point cette suite pourrait avoir de l’envergure, il y a un besoin d’asseoir ce qui est déjà acquis. »
Mme Mailhot est toutefois certaine d’une chose: pour ce 60e anniversaire, l’équipe veut « consolider l’importance historique du festival pour la chanson francophone ».
« Ça ne court pas les rues, les événements de ce genre qui s’apprêtent à fêter leurs 60 ans, et qui ont à ce point marqué le paysage musical. Il faut le souligner encore plus grandement, pour que les gens soient conscients de ce bagage-là. »
Et qu’est-ce que cela veut dire, au juste, « asseoir les bases »? Selon la directrice générale du festival, impossible de ne pas aborder l’épineuse question du financement. « Nous sommes dans l’émergence musicale, c’est sûr que nous avons besoin d’appui des différents paliers de gouvernement. Mais ça ne suffit pas, il faut repenser le modèle, voir comment nous pouvons générer des revenus autonomes », dit-elle.
« Nous voulons que les gens continuent de sortir de la maison, le soir, pour venir voir des spectacles, plutôt que Netflix and chill… »
Les bases, donc, c’est la pérennité financière, la stabilité des sources de revenus, histoire de « pouvoir continuer de remplir notre mission », indique Mme Mailhot.
Et pour faciliter cette stabilité, les mélomanes et amateurs de musique francophone sont invités à se rendre en grand nombre à Granby, du 14 au 24 août prochains, que ce soit pour retrouver des artistes établis, ou encore découvrir des étoiles montantes.