Une carte interactive des États-Unis qui détaille les zones les plus à risque de subir des ouragans, des inondations ou des feux de forêt, a été reconstituée par une poignée de passionnés, après avoir été retirée par la nouvelle administration.
C’est un exemple des efforts entrepris ces dernières semaines pour sauvegarder des données scientifiques, en environnement et en santé, dans un contexte où bien des scientifiques craignent que ces données ne soient effacées, pour des raisons idéologiques.
Au début de février, un groupe sous l’aile de la Bibliothèque de l’Université Harvard annonçait la création de Data gov Archive, un site voué à « préserver et authentifier » les « données fédérales publiques » à risque de disparaître de l’espace public. Un autre effort de transfert de données a pris le nom de Data Rescue Project. Un autre, qui remonte à 2008, s’appelle le End of Term Web Archive, et il consiste à rassembler en un même endroit, tous les quatre ans, les pages web de l’administration américaine sortante. Ce dernier effort est sous l’aile de la Wayback Machine, un projet à but non lucratif qui remonte à 1996.
Dans le cas de la carte des zones à risque, il s’agissait à l’origine d’une création de la FEMA, l’agence gouvernementale américaine en charge des premiers secours en cas de catastrophes (Federal Emergency Management Agency), Cette carte avait été créée pour informer les chercheurs, les autorités régionales et les citoyens eux-mêmes, des différents niveaux de 18 types de risques de désastres naturels, comté par comté, en cette époque où les changements climatiques changent la donne. Le 19 février, cette carte est disparue du site web de la FEMA — à l’instar de milliers d’autres pages retirées en février de différents sites gouvernementaux. « Changements climatiques » fait d’ailleurs partie des mots-clés qui ont décidé du sort de certaines de ces pages.
Or, non seulement n’y a-t-il rien d’idéologique dans des données scientifiques, mais en plus, ce travail de compilation de données peut s’avérer précieux pour n’importe quel chercheur qui s’intéresserait aux risques d’un type d’événement dans sa région, ou pour des groupes qui ont besoin de connaître ou de communiquer ces risques: qu’il s’agisse de vulgarisateurs, de gestionnaires de crise ou de propriétaires immobiliers.
La reconstitution de la carte a pris quelques semaines à deux informaticiens qui en avaient très tôt téléchargé les données. Mais la création de la carte originale, c’est-à-dire la compilation de toutes les données pertinentes, était le résultat d’un travail de deux ans, rapporte le New Scientist.
« Ce n’est pas un projet politique » insiste, dans le Bulletin of Atomic Scientists, James Jacobs, qui travaille pour le site End of Term Archive. « C’est un projet de bibliothèques et d’archives. »