Des enquêtes auprès des pêcheurs pour comprendre l’évolution des populations de poissons et de fruits de mer. Des programmes d’aide aux entrepreneurs de l’aquaculture et des formations professionnelles pour eux. Ce sont deux exemples des activités menées par une agence américaine, la NOAA, qui passe à son tour sous le couperet.
L’Agence des océans et de l’atmosphère (National Oceanic and Atmospheric Administration) est souvent citée dans les médias pour ses études sur le climat et sur la météo. Le Service météorologique national (National Weather Service) est d’ailleurs sous son aile. Mais c’est en réalité une agence gouvernementale beaucoup plus large : elle emploie 12 000 personnes à travers le monde, dont près de 6800 scientifiques et ingénieurs, dans plusieurs secteurs. Parmi ces secteurs: les pêcheries, à travers le Service national marin des pêcheries, dont l’existence remonte à 1871. La NOAA est née quant à elle en 1970 dans le but de regrouper différentes agences ou programmes, à l’initiative d’un président républicain, Richard Nixon.
Cette division des pêcheries a également financé ces dernières années des activités telles que la restauration des récifs de corail au large de la Floride ou d’Hawaï ou la lutte aux espèces invasives dans les Grands Lacs. Beaucoup de communautés dont l’économie repose sur la vie marine, le transport maritime ou le tourisme, dépendent de la NOAA « même si elles ne le réalisent pas », écrit sur le site universitaire The Conversation l’experte en histoire et politique des espèces invasives Christine Keiner, de l’Institut de technologie de Rochester, dans l’État de New York (au bord du lac Ontario). Pour l’écologiste marin Andrew Thaler, il sera même plus difficile de vendre certains produits de la mer dans les commerces, sans les experts de la NOAA pour poursuivre le suivi des parasites et des infections.
C’est sans compter le service de suivi des ouragans (National Hurricane Center). Et le suivi de l’évolution des taches solaires (Space Weather Prediction Center), qui permet de prévoir les éruptions solaires, sources de perturbations pour tous les aspects de notre vie moderne qui reposent sur les satellites.
Ce qui lui nuit, c’est que la NOAA fait aussi partie de ces agences qui étaient ciblées par le Projet 2025, le document qui, publié il y a deux ans par un groupe de réflexion conservateur, se voulait être le plan d’action de la première année d’un gouvernement Trump. Dans un des chapitres, la NOAA est décrite comme un « chef de file » de ce que les auteurs considèrent être « l’industrie des alarmistes du climat ». Ils recommandaient le démantèlement de l’agence et l’élimination ou la privatisation de ses fonctions: si tout ce qui concerne la recherche sur les changements climatiques semble condamné à être éliminé, le Service météorologique national, lui, est l’exemple le plus souvent cité d’une tâche qui, prétendent les défenseurs du Projet 2025, devrait revenir à l’entreprise privée.
Les météorologues interrogés à ce sujet depuis deux ans se sont montrés très sceptiques à l’idée qu’un tel service puisse être aussi fiable et aussi efficace s’il relevait du secteur privé: en fait, d’ores et déjà, un grand nombre des compagnies privées des États-Unis qui offrent des prévisions météorologiques sur des applications de téléphones intelligents ou à la télé, s’appuient sur les données du Service météorologique national.
Le 27 février, près de 900 employés de la NOAA apprenaient que leur emploi était coupé à la fin de la journée. Là comme dans d’autres agences gouvernementales depuis un mois, les coupes ciblent aveuglément les employés « temporaires », un statut qui inclut autant des gens qui sont employés depuis moins de deux ans que des gens qui ont récemment obtenu une promotion. Les médias ont été pour l’instant incapables de déterminer si certains programmes étaient plus affectés que d’autres.