Ceux qui continuent de justifier l’inaction climatique par l’argument « et la Chine, elle? » vont devoir effectuer une mise à jour. En 2023, la planète entière a ajouté 425 gigawatts (GW) d’énergie produite par des panneaux solaires… dont 263 en Chine.
La croissance de l’énergie solaire dans la production mondiale d’électricité est en effet impressionnante lorsqu’on l’examine à l’échelle planétaire: selon l’Agence internationale de l’énergie, elle est passée de seulement 31 gigawatts en 2011 à 105 en 2017 et à 232 en 2022. Mais depuis 2019, une large part de cette croissance provient de la Chine: du quart de la production mondiale cette année-là (30 GW) elle est passée à plus de la moitié en 2023 (263 GW sur 425).
Ce n’est d’ailleurs pas uniquement le solaire. Quand on combine avec l’éolien, la Chine a déployé l’an dernier de l’énergie verte à un rythme huit fois supérieur à celui de ses plus proches concurrents. Le groupe dit du « G7 » (dont les États-Unis, le Canada et la France) a construit l’an dernier moitié moins de nouvelles infrastructures solaires ou éoliennes que la Chine.
Et c’est sans compter les véhicules électriques : 8,1 millions ont été vendus en Chine en 2023, contre 5,6 millions dans le reste du monde; de ce dernier chiffre, 1,4 million de véhicules électriques ont été vendus aux États-Unis.
Ce qui pose aux futurologues une question intrigante: qu’arriverait-il si la Chine abandonnait du jour au lendemain son virage vers l’énergie verte? Mais plus vraisemblablement, cela pose aux économistes une autre question: à partir de quel moment les politiciens qui blâment la Chine lorsqu’on leur reproche de ne pas s’engager à réduire assez vite les gaz à effet de serre, réaliseront-ils que leurs économies ont pris du retard?