Instigués par Yvan Bienvenue au début des années 1990, les Contes urbains, ce sont 133 histoires écrites entre 1994 et 2013 par 74 auteurs et autrices et racontées par 112 comédiens. Dix ans après leur dernière représentation à la Licorne, en 2014, les Contes font un saut sur la scène du Centaur jusqu’en 2018. Ces éditions en anglais, les Urban Tales, grafignent tout autant, abordant les mêmes thèmes propres à l’urbanité. À l’annonce de leur grand retour, cette année, au cabaret La Tulipe, on ne peut que se réjouir. Vive les contes, vive les contes, vive les contes d’hiver!
Variation du conte traditionnel, historiquement ancré dans la ruralité, le conte urbain se déroule – comme son nom l’indique – dans un cadre urbain, en « ville », plus particulièrement à Montréal, et se distingue par son essence moderne et souvent trash.
Pause et come-back
Suivant la mise sur pause forcée de toutes les activités culturelles pendant la pandémie (et bien rétabli après quelques ennuis de santé), Yvan Bienvenue déclarait récemment en entrevue « avoir eu envie de mettre un peu de folie dans les soirées montréalaises ».
Quand une salle s’est libérée à la dernière minute (en face du théâtre la Licorne, de l’autre côté de la rue, de surcroît), il a sauté sur l’occasion pour reprogrammer les populaires veillées. Trop tard, cependant, pour mobiliser des auteurs; le dramaturge a ressorti et dépoussiéré quelques textes de son répertoire pour nous les offrir cette année. Merci!
Même si la cuvée 2023 n’est pas complètement nouvelle, on prend quand même plaisir à re-déguster les fables singulières. Particulièrement en ce lieu mythique qu’est La Tulipe dont les vieilles planches qui craquent ont accueilli à une autre époque les plus illustres noms du burlesque : Olivier Guimond, Rose « La Poune » Ouellette, Manda Parent et on en passe. Le fantasque insolite suinte encore des murs. Excellent choix!
Trêve de nostalgie. Cette année – parce qu’il faut bien revenir au 21e siècle – les sept interprètes-passeurs, Laurent Pitre, Julie Vincent, Normand Carrière, Dominique Laniel, Alexandre Fortin, Anna Beaupré Moulounda et André Morissette, proposent des histoires (passant en toute liberté du loufoque au tragique) portant respectivement sur une crotte de nez dont on doit à tout prix se débarrasser, un amour innommable, un jouet érotique qui donne beaucoup de frissons, une (très) grave erreur sur la personne, une déclaration d’amour qui tourne mal (Ah! Si les photocopieurs pouvaient parler!), un couple de personnes âgées qui ne pourra jamais savourer son nanane et un ange-exterminateur investi d’une cruelle mission.
Le florilège étonne toujours et le public (tout comme les fantômes de La Tulipe) espère vivement une nouvelle guirlande de contes, l’an prochain. Mais avant de partir, faisons une dernière prière. Pour que le père Noël, quand il descendra du ciel, n’oublie pas notre petit soulier, assurons-nous de rester sages (ou pas) toute l’année.