La religion, et qui plus est les groupes religieux sectaires, tout comme l’enfer de la prostitution, sont en quelque sorte deux côtés d’une même médaille : dans les cas les plus néfastes, les deux activités emprisonnent ceux qui les pratiquent, sans espoir de rédemption. Et avec Candy Land, le réalisateur et scénariste John Swab combine le tout, avant d’y ajouter une bonne dose d’horreur.
Dans une halte routière sise dans les Rocheuses américaines, un groupe de jeunes adultes vendent leurs services aux plus offrants : ce sont les « lot lizards », une bande de jeunes femmes (et un homme) guidés par celle qui fait à la fois office de patronne et de mère de remplacement. Et dans tout ce bordel semi fonctionnel débarque Remy, une jeune femme semblant s’être sauvée d’une secte aux bien sombres desseins.
Parallèlement à cette arrivée inattendue, les cadavres commencent à s’accumuler dans la halte routière. En plus des cadavres découlant parfois de rencontres malencontreuses entre prostitués et clients…
Il ne fait aucun doute que John Swab réussit à tracer le portrait d’un monde glauque, certes, mais aussi étrangement humain, avec ces travailleurs du sexe devenus amis par la force des choses. Avec, à travers tout cela, autant de zones grises que nécessaire. On peut ainsi penser au shérif Rex, dont la bienveillance se double d’une concupiscence certaine.
Mais ce portrait est incomplet… Ou, plutôt, il est rendu en partie caduc en raison de l’autre côté de la médaille, et l’autre aspect du film, celui de la secte. À peine esquissé, sauf au cours des dernières minutes du film, ce monde offre une excellente raison pour mettre en scène une série de meurtres sanglants, certes, mais n’apporte autrement que bien peu de choses au scénario.
Et donc, d’un côté, Candy Land aurait pu être un drame humain suffisamment poignant mettant en scène de jeunes gens qui gagnent leur vie en vendant leur corps dans un endroit sordide, en espérant des jours meilleurs. De l’autre, il aurait pu s’agir de l’histoire d’une secte dangereuse à laquelle tente d’échapper une jeune femme. Ou, du moins, c’est ce que l’on pense.
Malheureusement, aucun des deux univers décrits par John Swab n’est suffisamment complet pour former un film à lui seul, et la combinaison des deux fait en sorte que lorsque le générique de Candy Land se met à défiler, on constate que les 90 minutes écoulées ont été agréables, certes, mais sans plus.