Il y a quelque chose de fascinant avec ces films d’horreur dont la prémisse ne tiendrait logiquement pas debout, mais qui parviennent tout de même à s’avérer efficaces. Assez efficaces, certainement, pour empêcher ce journaliste de dormir. Smile, réalisé et scénarisé par Parker Finn, est l’un de ces films.
Habituée de travailler avec des gens souffrant de graves problèmes psychologiques, la Dre Rose Cotter est confrontée à Laura Weaver, une jeune femme qui a été témoin, quelques jours auparavant, du suicide violent d’un professeur d’université, lorsque celui-ci s’est frappé à la tête avec un marteau.
Laura va elle-même s’enlever la vie quelques minutes seulement après avoir fait la connaissance de la psychologue. Traumatisée par ce qu’elle décrit comme une mystérieuse figure affichant un sourire malsain, voire démoniaque, elle finit par sembler possédée par, eh bien, quelque chose, et utilisera un tesson de céramique pour se tuer… tout en continuant de sourire.
Clairement terrifiée, Rose sera peu à peu poursuivie à son tour par ce qui ressemble à un monstre prenant l’aspect de divers personnages faisant partie de la vie de notre héroïne.
Mais est-ce vraiment une malédiction? Ce que l’on découvre, c’est que Rose traîne le traumatisme de la mort de sa mère, dont elle a découvert le corps lorsqu’elle était jeune. Le film tente d’ailleurs de naviguer entre deux réalités, soit un monde où il s’agit bel et bien d’un monstre se nourrissant du traumatisme de ses victimes, et un autre où c’est plutôt une question de santé mentale et de long plongeon vers la folie.
Quoi qu’il en soit, l’entité maléfique – réelle ou imaginée – évoquera tour à tour The Ring et It Follows. Le premier, parce que le personnage principal tente de comprendre les origines et le fonctionnement du monstre; le second parce que ce démon peut prendre l’apparence de n’importe qui, y compris des gens connus des victimes.
Force est d’admettre, toutefois, que Smile, malgré son exploration intéressante des problèmes de santé mentale et des traumatismes, ne parvient jamais à créer ce monde où le cinéphile se demande vraiment si on lui parle d’un monstre, ou s’il est effectivement question de maladie mentale.
Quant aux principes empruntés à The Ring et It Follows, ceux-ci ne sont pas assez bien exploités pour rendre la chose minimalement crédible ou, au contraire, assez terrifiante pour faire en sorte que le spectateur se retrouve sur le bout de son siège… et non, les jump scares ne représentent pas une technique cinématographique suffisamment complète, à elle seule, pour porter le film.
Bien entendu, il n’est pas nécessaire que le film possède un scénario réaliste, ou que ses acteurs soient bons – bien que Sosie Bacon offre une performance très efficace –, pour atteindre l’objectif ultime : faire peur. Oh, il n’est pas question de faire peur durant le film (et une scène fera plutôt éclater de rire), mais après le film.
Parlez-en à ce journaliste, qui a beau se dire que tout cela est un film, mais qui, dans un coin de son cerveau, craint toujours qu’un monstre ne surgisse d’un coin sombre, en fin de soirée…