Lancée il y a maintenant un peu plus d’un mois sur Tou.tv, la série De Pierre en fille, scénarisée par Julianne Côté – qui interprète aussi Daphnée, la fille en question –, pourrait avoir tout de l’oeuvre comfort food, tout en faisant preuve de suffisamment d’audace et d’irrévérence. Mais est-ce bien le cas?
Pierre (Patrice Robitaille), que l’on imagine fin quarantenaire, décide d’un bon matin de se séparer de la femme avec qui il est marié depuis sept ans. Et pour marquer le coup, il emmène sa fille avec lui pour demander le divorce à sa future ex-épouse… Qui lui avoue tout de go qu’elle fréquentait déjà son meilleur ami depuis un certain temps. Ainsi commence cette première saison en huit épisodes s’articulant autour de la réinvention.
Réinvention amoureuse, d’abord, avec Pierre nouvellement célibataire qui redécouvre les joies (le terme est ici employé avec d’énormes pincettes) des amours sans lendemains, mais aussi avec Daphnée, qui vient de quitter une relation qui l’a blessée, mais qui retrouvera rapidement les bras de son ancienne amoureuse. Pour le meilleur et pour le pire.
À travers tout cela, le père et la fille, qui avaient déjà une relation tissée particulièrement serrée, devront apprendre à établir certaines limites, surtout que Pierre ira s’installer directement sous l’appartement que sa fille partage avec sa coloc Camille (Sarah-Jeanne Labrosse), en plus de trouver une manière ou une autre de s’incruster dans la vie de son enfant unique. De là à dire qu’il tente peut-être de rattraper le temps perdu, il n’y a qu’un pas.
Mais cela est-il sain? Le père et la fille auront beau échanger des remarques bien souvent fort bien réfléchies (et écrites), impossible de ne pas constater que quelque chose achoppe. Après tout, ni l’un ni l’autre n’est parfait, et les défauts finiront par être démultipliés par les divers rebondissements scénaristiques.
Tout cela est bien beau, mais malgré le bon travail d’écriture de Mme Côté (et son jeu, comme celui de Patrice Robitaille), De Pierre en fille ne semble jamais être capable de trouver sa niche. Est-ce une comédie? Un drame? Il y a des instants de réflexion personnelle, mais aussi des séquences où Patrice Robitaille pète dans un micro, par exemple, ou Julianne Côté joue une personne sous l’influence des champignons magiques, le tout sans que cela ne fasse progresser l’intrigue. Si intrigue il y a, bien entendu.
On comprendra que Mme Côté a voulu, en quelque sorte, reproduire sa propre relation avec son père, qu’elle a décrite comme étant elle aussi très solide, mais après avoir écouté les huit épisodes de cette première saison, on se demande s’il y a véritablement eu un fil conducteur, ou si l’on trouve quelque chose à quoi se raccrocher, au-delà des codes traditionnels du genre.
Série sympathique, De Pierre en fille ne sera pas l’oeuvre transformative que l’on pouvait peut-être attendre. Mais rien n’empêche d’y plonger pour trouver du réconfort. Et pour se donner envie d’appeler ses parents.