Lorsque les villes ou les provinces qui mettent en place une interdiction ou des frais pour l’utilisation des sacs en plastique cherchent à réduire le volume de ce matériau polluant qui se retrouve au dépotoir. Une nouvelle analyse d’un chercheur de l’Université de Géorgie révèle toutefois que ces politiques, même si elles sont créées avec de bonnes intentions, pourraient alimenter les ventes de sacs de plastique dans les communautés où elles sont mises en place.
L’étude en question a été publiée dans Environmental and Resource Economics.
Au dire du chercheur, ces résultats s’expliquent par le fait que si les sacs d’épicerie sont perçus comme des objets à usage unique, ils trouvent souvent une deuxième vie comme sacs dans de petites poubelles. Si ces sacs sont taxés ou disparaissent, les gens chercheront des alternatives – ce qui signifie acheter de petits sacs poubelle.
« Nous savons qu’il existe une demande pour l’utilisation de sacs de plastique, et nous savons que si ces politiques entrent en vigueur, certains sacs disparaîtront, ou deviendront plus chers », mentionne Yu-Kai Huang, l’auteur des travaux. « Nous voulions alors évaluer l’efficacité de cette politique en vue de réduire l’utilisation des sacs de plastique dans leur ensemble. »
De précédentes analyses portaient sur l’effet de l’interdiction des sacs sur la consommation de plastique, mais pas sur les effets combinés de l’interdiction ou des frais plus élevés sur les sacs. Spécialisé en économie environnementale, M. Huang a utilisé une nouvelle méthode pour calculer l’effet de l’une ou l’autre des politiques, tout en tenant compte de variables telles que le niveau de revenu des résidents et la densité de population d’une zone, deux facteurs qui influencent la quantité de déchets produits dans une communauté.
Interdire le plastique est-il efficace?
En tenant compte de la deuxième vie des sacs d’épicerie en plastique dans plusieurs maisons, M. Huang et le professeur Richard Woodward, de l’Université A&M, au Texas, ont mesuré les ventes de sacs poubelle en plastique dans des régions sous le coup d’une interdiction ou de frais supplémentaires, et ont comparé le tout avec d’autres régions sans ce genre de politiques. Les endroits sélectionnés étaient suffisamment éloignés les uns des autres pour tenir compte des consommateurs qui pourraient changer de région pour éviter les effets des mesures.
L’étude a permis de révéler que dans les communautés de Californie sous le coup de mesures contre les sacs de plastique, les ventes de sacs poubelle de 15 litres ont bondi de 55 à 75 %, contre 87 à 110 % d’augmentation pour les sacs de 30 litres. Ces résultats évoquent ceux obtenus lors de précédents travaux similaires, qui faisaient aussi état d’une hausse des ventes de petits sacs.
Mais si les ventes de ces derniers avaient gonflé après la mise en place de telles politiques, les ventes de sacs de 50 litres, souvent utilisés dans les poubelles de cuisine, n’ont pas bougé. Cela était venu souligner encore plus le fait que les sacs d’épicerie font double emploi, soutient M. Huang.
Cette hausse inattendue des ventes de sacs poubelle a aussi pu être mesurée au poids. En achetant des sacs de 15 litres, les consommateurs ont fait augmenter la consommation de plastique de 15 à 65 kilos par magasin, chaque mois. Les ventes de sacs de 30 litres équivalaient à un poids supplémentaire de 18 à 115 kilos de plastique, là aussi chaque mois, dans chaque magasin.
Mais, selon ce que souligne le chercheur, les interdictions des sacs d’épicerie, ou des frais associés aux sacs de plastique pourraient réduire la quantité de déchets de plastique dans les magasins ayant un volume de clientèle important. L’étude a déterminé que si un magasin générait des ventes nécessitant au moins 326 sacs jetables par jour, soit un peu moins de 10 000 par mois, la politique ferait bel et bien en sorte que moins de plastique se retrouverait aux poubelles.
Toujours selon M. Huang, il est important que les décideurs comprennent les conséquences inattendues des interdictions ou des frais imposés pour l’utilisation des sacs de plastique avant de les mettre en place.
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