Formateur en matière de manipulation d’armes à feu pour les douaniers canadiens, Alexandre se retrouve engoncé dans une étrange affaire mêlant voitures de course, actes sexuels « déviants » et… tourisme islandais? Voici Le bruit des moteurs.
Premier long-métrage de Philippe Grégoire, dont il signe aussi le scénario, ce film est à la fois un exercice de style intrigant, et un genre d’hommage hybride à Titane et à Duel. Étrange combinaison s’il en est une, mais le film dans son ensemble est une succession de tableaux stupéfiants, parfois complètement déjantés, qui ont plusieurs fois poussé ce journaliste à se demander ce qui se passait vraiment, au juste, dans ces 60 minutes et des poussières.
S’il n’y avait que la fascination pour les voitures de course et les compétitions de drag race, avec ces moteurs vrombissants et ces pneus qui crissent sur le bitume en dégageant une odeur de brûlé, Le bruit des moteurs serait un film de chars. S’il n’y avait que le sexe, avec ces moments absolument surréalistes où la superviseure d’Alexandre lui demande, à plusieurs reprises, s’il souhaite coucher avec elle et son mari, le tout sur le ton d’un patron ordonnant à un employé d’accomplir une tâche ennuyante et répétitive, Le bruit des moteurs serait un film de cul. Les deux options sont tout aussi valides l’une que l’autre, et les deux styles sont tout à fait sous-représentés au Québec dans un contexte de cinéma davantage destiné au grand public.
Mais dans un télescopage aussi glorieux qu’inattendu, ces deux univers, ces deux propositions scénaristiques se combinent pour donner naissance non pas nécessairement à un film au scénario le plus clair et le plus logique, mais à une oeuvre éclatée, audacieuse et dont le genre est trop souvent absent de nos écrans. Après tout, personne n’a dit qu’il était toujours nécessaire de suivre le même canevas, d’entrer dans le moule. Tenter d’en sortir, voire tenter de casser le moule est un objectif noble qui n’a que trop peu souvent sa place dans le monde cinématographique, et encore plus particulièrement au Québec.
Dans le sens traditionnel du terme, Le bruit des moteurs n’est pas un film parfait: étrange, parfois brouillon, sans véritable conclusion, l’oeuvre est parfois dure à suivre. Mais en sortant des sentiers battus, on constate aussi que le long-métrage est audacieux, frondeur et imaginatif.
Quel est le meilleur aspect, dans ce cas? Il est impossible de répondre à cette question. Il est évident qu’il ne faut pas s’engager dans Le bruit des moteurs en s’attendant à une expérience cinématographique traditionnelle. Cela étant dit, l’oeuvre vaut certainement le détour. Ne serait-ce que pour être sorti de sa zone de confort à plusieurs reprises.
Abonnez-vous à notre infolettre tentaculaire
Encouragez-nous pour le prix d’un café
À l’occasion du mois de la francophonie, l’équipe de Pieuvre.ca tient à souligner son attachement à la qualité de la langue française. Voilà pourquoi nous utilisons quotidiennement Antidote pour réviser nos textes.