Il a toujours été difficile de définir la série Kingsman: après tout, lorsque vient le temps de raconter les aventures d’un agent secret britannique, le choix ne se porte pas nécessairement sur une organisation secrète qui a ses entrées dans un tailleur chic de Londres, mais plutôt du côté de James Bond. Après deux volets plus humoristiques, si l’on peut dire, The King’s Man, un antépisode, tente d’être plus sérieux, mais ne parvient pas à atteindre ses objectifs… Ou à véritablement attirer notre attention.
Sept ans après le premier volet, voilà donc l’histoire de l’origine de cette agence spéciale: au tournant du siècle, le personnage de Ralph Fiennes, un riche aristocrate britannique, fait le voeu de protéger son jeune fils contre les horreurs du monde, après la mort de sa femme sous les balles d’un tireur embusqué, dans le cadre de la Guerre des Boers.
Une dizaine d’années plus tard, à l’approche de la Première Guerre mondiale, le voilà qui peine à contenir les ardeurs de ce même fils, Conrad (Harris Dickinson), qui rêve de gloire et d’aventure. Le père et le fils seront éventuellement mêlés aux turbulences précédant le déclenchement de la guerre, mais aussi à son déroulement, alors qu’un mystérieux chef criminel tente d’alimenter le conflit pour réussir à faire tomber les têtes couronnées qui régnaient alors sur l’Europe, à savoir le roi anglais, le tsar russe et le kaiser allemand, tous cousins.
Le film aurait pu se tenir sous la forme d’un drame d’espionnage entourant justement cette guerre sale, violente et dirigée par des chefs et des élus incompétents. Étrangement, pourtant, The King’s Man ne réussit jamais à trouver le bon ton. Là où King’s Man: The Secret Service, la première déclinaison offrait une action juste assez exagérée, avec un vernis quasiment noble, voilà que son antépisode est brouillon, part dans tous les sens, et ne réussit pas à donner un rythme suffisamment enlevant pour tenir le spectateur en haleine, d’autant que l’on connaît, du moins vaguement, le dénouement du film.
Et le spectateur n’a que peu ou pas d’intérêt pour les références historiques vieilles de plus de 100 ans, notamment cette invocation de Raspoutine, ou encore de Mata Hari et de Lénine. Surtout que si l’on peut certainement permettre des déviations par rapport à ce qui s’est vraiment passé, le fait de ne jamais mentionner la France dans le contexte de la Première Guerre mondiale est assez… spécial.
Bref, entre les considérations sur la notion de sacrifice pour la patrie, les facéties d’un Raspoutine c0mplètement déchaîné, auquel donne vie un Rhys Ifans généralement confiné aux rôles de Slaves déjantés, et une éventuelle agence d’espionnage, on ne sait plus où donner de la tête, et on finit plutôt par se tourner les pouces.
Voilà donc une série en trois volets, dont deux sont largement oubliables. Doit-on donc dire que Kingsman est un univers cinématographique mort-né? Le nom attire pourtant de bons acteurs, et certaines caractéristiques techniques sont intéressantes, notamment les jeux de caméra et le montage extrêmement saccadé lors des scènes d’action, mais ce ne sont pas les artifices visuels qui sauveront un ou plusieurs films au scénario plus que bancal.