Passionné d’artéfacts vidéo préservés du passage du temps, Dan se voit un jour offrir un contrat qui l’intrigue: celui de restaurer des images tournées par une jeune femme, Melody Pendras, un quart de siècle plus tôt, quelques jours seulement avant un incendie qui a complètement détruit un immeuble à logements de New York. Mais Archive 81, récemment lancée sur Netflix, est aussi une série mystérieuse, voire inquiétante…
Adaptée du podcast du même nom, Archive 81 se décline en huit épisodes qui mettent en parallèle les travaux de restauration de Dan, mais aussi les explorations de Melody dans l’étrange bâtiment qu’est le Visser, un lieu qui cache bien des surprises, en plus de plusieurs vérités dérangeantes, ou encore mortellement dangereuses.
À travers ces rubans que Dan répare avant de les visionner, mais aussi dans des séquences se déroulant de plus en plus de façon « autonome » – c’est-à-dire sans la formule des bandes vidéos trouvées, à l’instar du Blair Witch Project –, les téléspectateurs découvrent ce qui unit Dan et Melody. Et, surtout, ce qui se cache dans les entrailles du Visser.
En s’inspirant à la fois de Rosemary’s Baby, de Ring, ou encore de nombreux huis clos où on valse entre de véritables phénomènes paranormaux, voire surnaturels, et quantité de films et séries où l’on évoque des problèmes de santé mentale comme étant la source de véritables hallucinations, Archive 81 est une série franchement « concrète », malgré le fait qu’on y parle de démons, ou encore de portails vers d’autres mondes. D’abord, parce que le médium du vidéo y est extrêmement présent: Dan et son meilleur ami sont des passionnés de vieux enregistrements, en font même collection, et fait notable, de très nombreux plans mettent en vedette, si l’on peut dire, le processus de manipulation et de restauration, sans compter les nombreux appareils servant à ce travail minutieux.
On parle ainsi constamment de cassettes à réparer, de rubans, de caméras à braquer sur une scène importante…
Ensuite, Archive 81, même si la moitié de son action se déroule dans le passé, a tous les attributs d’une oeuvre contemporaine. S’il est un peu question de vieux grimoires et autres prières tirant leur origine des temps immémoriaux, le public évolue constamment entre 1994 et 2019, deux époques qui sont encore fraîches en mémoire (et cela est surtout vrai pour 2019, bien entendu). Cela fait en sorte que les événements des huit épisodes semblent mieux « ancrés » dans notre réalité, malgré toutes les références à Lovecraft qu’on s’amusera à noter, au fil du temps.
Si l’on peut souligner la qualité du jeu des acteurs, ainsi que l’emploi plus qu’astucieux des indications sonores pour faire avancer le scénario, notamment l’utilisation de sons discordants pour faire soudainement grimper la tension, ou pour laisser présager de l’arrivée d’un monstre, ou d’un moment plus dramatique, il convient toutefois de se demander à quelle enseigne, exactement, loge Archive 81.
Après tout, les premiers épisodes sont stressants à souhait, avec une tension à couper au couteau. Et si l’on semble atteindre un certain paroxysme lors du cinquième épisode, surtout lorsque notre héroïne découvre le véritable objectif de plusieurs résidents du Visser, avec la scène classique des livres de sorcellerie dans le bureau du prêtre local, la tension semble quelque peu s’effacer. De série d’épouvante, Archive 81 devient une série portant davantage sur le fantastique. Peu ou pas de drames sanglants, ici, ou encore de grands cris poussés par les personnages (ou par ce journaliste, qui a écouté une bonne partie de l’oeuvre en fin de soirée, au mépris du bon sens).
Autrement, Archive 81 est un excellent divertissement. Sans avoir écouté le podcast, qui en est à sa troisième saison, il y a fort à parier que l’oeuvre télévisuelle aura droit à une suite. Mais même si cela ne se produisait pas, il s’agit ici de huit heures de très bonne télé bien tassées. On se serait contentés de moins!