L’année 2021 aura été particulièrement difficile pour les travailleurs de l’information; selon le plus récent rapport de Reporters sans frontières (RSF), quelque 488 reporters, dont 60 femmes, étaient incarcérées, cette année. Un nombre record, indique l’organisation internationale.
Autre mauvaise nouvelle, 65 journalistes ont servi d’otages, cette année, pour des groupes armées ou d’autres factions ou gouvernements. Le nombre de reporters tués, cependant, est à son plus bas depuis 20 ans, avec 46 meurtres survenus depuis le 1er janvier.
Au dire de RSF, le nombre record d’emprisonnements de journalistes est imputable à trois pays, « la Birmanie, où la junte a repris le pouvoir par la force le 1er février 2021 ; le Bélarus, qui a sombré dans la répression après la réélection contestée d’Alexandre Loukachenko en août 2020 ; et la Chine de Xi Jinping, qui accroît sa mainmise sur la région administrative spéciale de Hong Kong, autrefois considérée comme un modèle de la liberté de la presse pour la région ».
La Chine, qualifiée de « plus grande prison du monde », ne rate par ailleurs aucune occasion de ternir son étoile, puisque c’est dans ce pays qu’est emprisonné le plus grand nombre de femmes journalistes, soit 19, sur un total de 60 écrouées à la grandeur de la planète. Au Bélarus, le pouvoir a fait enfermer 17 femmes reporters, en plus de 15 hommes. En Birmanie, enfin, 9 journalistes féminins sont emprisonnés, sur un total de 53 reporters et autres collaborateurs des médias détenus.
« Ces statistiques extrêmement élevées de journalistes en détention arbitraire sont le fait de trois régimes dictatoriaux, constate le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, dont les propos sont rapportés par l’organisation. C’est la traduction du renforcement dictatorial dans le monde, d’une accumulation de crises et de l’absence de tout scrupule de ces régimes. C’est peut-être aussi le fruit de nouveaux rapports de forces géopolitiques, où les régimes autoritaires ne subissent pas une pression suffisante pour limiter la répression. »
La lueur d’espoir se trouve, pour l’instant, du côté de la baisse du nombre de journalistes tués durant l’année. De fait, il faut remonter à 2003 pour trouver une autre année où les victimes n’ont pas dépassé la barre des 50. La raison de cette amélioration, ou plutôt de cette situation moins pire qu’à l’habitude? L’atténuation des conflits en Syrie, en Irak et au Yémen, notamment, mais aussi la mobilisation d’organisations de défense de la liberté de la presse.
Malgré tout, écrit RSF, presque chaque semaine, au cours de l’année qui est en voie de se terminer, un journaliste a trouvé la mort; 65 % des victimes ont été sciemment visées et éliminés.