Au premier coup d’oeil, l’endroit est ordinaire: un « simple » kiosque à journaux, sis place Victor-Hugo, dans le 16e arrondissement, à Paris. Et pourtant, dans Le kiosque, la cinéaste Alexandra Pianelli nous fait découvrir, dans le cadre des Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM), toute la beauté et la richesse de ce point central de la vie de quartier.
Ce kiosque, c’est celui de la famille de la réalisatrice, justement. Depuis maintenant quatre générations, des hommes et des femmes ont vendu journaux et magazines, en plus de cartes postales et autres produits connexes, mais ont aussi servi de point d’ancrage pour les passants, de guides pour les perdus, d’amis pour les éclopés.
Voilà donc cette femme cinéaste, qui, avec son téléphone intelligent, se met à filmer son quotidien dans ce kiosque plus qu’étroit. À la fois projet artistique et résumé du travail d’une employée qui est à la fois gestionnaire et responsable de tenir la caisse, par exemple. Ou encore, de préparer l’ouverture et la fermeture du « magasin », de traiter avec les fournisseurs, de payer les comptes, etc.
Mais le coeur du Kiosque, ce ne sont pas les considérations économiques. Du moins, pas vraiment, n’en déplaise à ces séquences, réalisées avec des dessins, des maquettes ou encore des animations rudimentaires, pour expliquer la lente disparition de l’imprimé, en France, et la fermeture en série des kiosques à journaux, reliquats d’une ère révolue. Non, le coeur de ce superbe documentaire, ce sont les gens. La cinéaste/employée, d’abord, qui trouve son travail difficile, mais tout de même satisfaisant. Puis les clients, les amis, les voisins. Tous sont si caractéristiques, on se croirait un peu dans Amélie Poulain, dans un Paris qui n’existe plus.
Et pourtant, ils sont vrais, ils sont authentiques. Ah, que n’a-t-on pas souri jusqu’aux oreilles en voyant Mme Pioupiou, par exemple, sorte d’exemple typique de la Française d’un certain âge qui ne s’en laisse pas compter? N’a-t-on pas un peu le coeur serré en voyant cet itinérant fier malgré l’adversité, et qui a réussi à trouver un chat qui arbore à peu près la même tache que lui, au visage?
Ode à la beauté ordinaire, ode à une époque presque entièrement révolue, ode à l’importance de tisser des liens avec son voisinage, ode à la pertinence des commerces de proximité, Le kiosque est un petit bijou de documentaire minimaliste.
Le seul hic, et il est malheureusement majeur, c’est que le mixage sonore est quasiment entièrement dysfonctionnel si l’on souhaite écouter le tout avec des écouteurs. Non pas que le son ne sorte pas par des canaux stéréo, bien au contraire, mais toutes les voix semblent provenir de l’extrémité gauche de cette « bande sonore » qui se forme avec un casque d’écoute. Résultat, il est nécessaire d’augmenter largement le volume pour espérer comprendre quoi que ce soit, et même là, on en perd quelques bouts.
La solution? Possiblement d’écouter le tout à l’aide de haut-parleurs. Mais autrement, Le kiosque est un fantastique documentaire qui fait chaud au coeur. À voir.