À la suite d’un court-métrage intitulé Le dernier voyage de l’énigmatique Paul W.R., le cinéaste Romain Quirot, qui compte déjà les romans dystopiques de Gary Cook, à son actif, retrouve son univers quasi post-apocalyptique dans Le dernier voyage, un long-métrage de science-fiction présenté dans le cadre du festival Cinémania.
Dans un futur qui semble relativement proche, l’humanité vit ses derniers jours. Après une crise énergétique mondiale et une catastrophe climatique d’une ampleur sans précédent, l’apparition d’une lune rouge, dont les matériaux semblaient contenir la clé d’une énergie plus qu’abondante, voilà que ledit astre est maintenant entouré d’un écran magnétique indestructible, et qu’il se rapproche peu à peu de la Terre.
À travers tout cela, Paul W.R., le seul astronaute qui pourrait franchir l’écran et faire exploser la lune avant qu’il ne soit trop tard, a mystérieusement disparu. Celui-ci, joué par Hugo Becker, s’appuie sur une étrange vision pour tenter de trouver une solution à la crise actuelle. Et quelque part, dans une base scientifique, son père, joué par Jean Reno, compte sur son fils pour mener à bien la mission consistant à détruire la lune une bonne fois pour toutes, et au diable ceux qui pensent qu’il existe des alternatives à cette « attaque ».

La structure scénaristique du Dernier voyage aurait pu être tout à fait convenue, avec force séquences où les enjeux sont importants et la musique est particulièrement dramatique. M. Quirot a plutôt décidé d’en faire un road movie éthéré où ses moyens limités sont utilisés à bon escient.
Hommage à quantité d’autres longs-métrages, y compris des films de science-fiction d’autres réalisateurs français, dont Le Cinquième Élément, de Besson, Le dernier voyage est davantage une oeuvre poétique qu’une oeuvre d’action ou de grands gestes posés par des héros sans peur et sans reproche. Les personnages du long-métrage sont faillibles, craignent pour la survie de l’humanité, mais, surtout, ont peur pour leur propre avenir, leur propre destin. Et en cela, ils sont heureusement différents des héros de blockbusters américains, dont le courage vient trop souvent supplanter l’humanité, en quelque sorte.
Il faut donc voir Le dernier voyage comme une oeuvre d’art, un moment de réflexion et de contemplation. Une épopée douce-amère tout à fait adaptée à notre époque difficile.