Il y a l’art, puis il y a l’Art, probablement avec un grand A, celui que l’on souhaite chérir, et surtout préserver. C’est d’ailleurs ce dernier que le Festival international du film sur l’art (FIFA) a choisi de protéger et mettre en valeur sous la forme de la plateforme Arts.film. Une façon de conserver sa propre collection, mais aussi de faire rayonner les artistes sous toutes leurs formes.
La pandémie a-t-elle été bénéfique pour le FIFA? Tout ce que l’on peut dire, c’est que le festival en a profité, mesures sanitaires obligent, pour se tourner vers le numérique, histoire de ne pas perdre son public. Et une fois l’édition 2019 du festival terminée, la plateforme utilisée a été conservée.
Au bout du fil, Philippe U. del Drago, directeur général et artistique du festival, apporte un bémol: « Je ne vois pas vraiment Arts.film comme une simple plateforme… Je vois le tout comme un centre d’art virtuel. C’est comme si l’on avait construit un centre d’art avec, à l’intérieur, des salles permettant d’accueillir des collections, des expositions, dans lequel on peut aussi tenir des conférences et des événements spéciaux, ou encore organiser des expositions temporaires », dit-il.
« C’est vraiment comme cela que je le vois, et pour 2022, soit on construisait un vrai bâtiment, soit un construisait un bâtiment virtuel; nous, on a fait le choix du virtuel. »
Les discussions en vue de la création d’un tel espace allaient d’ailleurs bon train depuis plusieurs années, poursuit M. Del Drago. « Nous sommes le plus grand festival de films sur l’art au monde, et de loin. Et cela fait que nous avons un catalogue extrêmement riche et extrêmement important dans le milieu du documentaire et du film d’art. »
Après deux éditions en numérique, le festival a d’ailleurs saisi toute l’importance d’offrir des films en ligne. Ainsi, selon M. Del Drago, la 39e édition, celle de 2021, a mené à « plus de 100 000 visionnements de films ». Ce qui est évidemment beaucoup plus que l’achalandage en salles. Sans oublier la possibilité, pour des gens qui n’avaient habituellement pas la possibilité de venir à Montréal pour voir des films, d’accéder à ces contenus, souvent pour la première fois.
« Cela nous a donné des ailes; nous nous sommes dit qu’il fallait vraiment faire ce travail-là », ajoute encore le directeur général et artistique du festival, en évoquant la nécessité de préserver et diffuser les films, certes, mais aussi d’offrir des contenus différents et des événements, des rétrospectives, etc.
L’équipe du festival est par ailleurs déjà à l’oeuvre en vue de l’édition 2022 du FIFA, soit la 40e déclinaison de l’événement, et s’il ne fait aucun doute qu’Arts.film est là pour rester, les spectateurs pourront eux aussi se rendre en salle pour visionner des documentaires, comme cela se faisait jusqu’en 2020, pour les raisons que l’on sait.
En attendant, la plateforme a récemment présenté sa programmation automnale, qui regroupe bien entendu des projections, mais aussi des lectures du Festival international de littérature (FIL), ainsi que des épisodes de séries télévisées – liées au monde de l’art, bien sûr.
« Ce qui nous a manqué pendant deux ans, c’est aussi le rapport humain », mentionne encore Philippe U. del Drago.