Liam Neeson est un homme aux multiples talents: agent secret, père monoparental, Templier… Le voilà qui monte à bord de mastodontes d’acier pour The Ice Road, un thriller d’action mettant en vedette les vastes étendues glacées canadiennes et les pratiques douteuses des exploitants d’une mine de diamants des Territoires du Nord-Ouest.
Neeson, donc, est un chauffeur de camion qui peine à garder un emploi. Son frère, un ancien combattant, souffre de plusieurs problèmes psychologiques et s’il est un mécanicien hors pair, ses sautes d’humeur et ses autres déficiences font en sorte que les deux ont beaucoup de difficulté à s’intégrer à la société.
Parallèlement à cela, dans une mine de diamants du Nord canadien, la cupidité de l’entreprise mène à l’explosion d’une poche de méthane dans un tunnel, ce qui cause la mort de plusieurs mineurs et empêche près d’une trentaine d’employés de remonter à la surface. Pour assurer leur évacuation, il faut transporter une nouvelle tête de forage par voie terrestre, sur plusieurs milliers de kilomètres, et ce dans les 30 heures.
Entrent ainsi en scène Neeson et son frère: le premier pilotera l’un des trois camions envoyés vers la mine, tandis que le second servira de mécanicien. À bord des deux autres camions, on retrouve Lawrence Fishburne, le patron de l’entreprise de transport désignée pour tenter cette mission périlleuse, ainsi que Tantoo, une jeune chauffeuse Inuk qui a maille à partir avec la justice, et dont le frère est prisonnier des décombres, dans la mine.
Pour atteindre leur but, les chauffeurs devront braver les éléments, et plus spécifiquement plusieurs ponts de glace qui, au mois d’avril où se déroule le film, sont plus que fragilisés par la hausse des températures.
Si l’on doit souligner l’utilisation de véritables camions lourds pour effectuer certaines cascades impressionnantes, le tout sur ce qui ressemble à de vrais ponts de glace, il survient évidemment des scènes où ce sont les images de synthèse qui doivent prendre le relais, avec des résultats disons variables. Clairement, le réalisateur Jonathan Hensleigh et son équipe disposaient d’un budget limité pour ce film destiné à Netflix, et cet état de fait est parfois un peu trop flagrant.
Il faut néanmoins saluer l’utilisation, par l’équipe du film, d’un cadre tout à fait canadien. Oui, Neeson et son frère partent des États-Unis, mais il se retrouvent bien vite à Winnipeg, on a droit à des interactions avec le gouvernement fédéral, à Ottawa, et plusieurs personnes ont des noms à consonance francophone. L’ensemble de la chose est agréable à voir dans une grande production, alors que ce sont généralement les villes d’ici qui servent de décor pour des films se déroulant aux États-Unis ou ailleurs dans le monde.
Pourtant, dès les premières minutes de The Ice Road, on ne peut s’empêcher d’établir des parallèles avec un drame au scénario plus que similaire: Sorcerer, un classique de 1977 qui raconte l’histoire de quatre hommes conduisant autant de camions chargés de TNT dans la jungle sud-américaine. Enjeux plus intéressants, décors plus enivrants, musique autrement meilleure (bonjour Tangerine Dream), Sorcerer est de loin supérieur à The Ice Road.
Non pas que l’équipe de ce dernier film ne fasse pas d’efforts pour offrir un divertissement intéressant, bien au contraire. On apprécie ainsi l’intégration de l’identité autochtone du personnage de Tantoo dans le scénario, ne serait-ce que pour démontrer le racisme de l’antagoniste.
Mais si vous cherchez à écouter un film où la tension est à couper au couteau, et qui met aussi en vedette des conducteurs de camions (sans la commandite d’une célèbre compagnie de poids lourds), découvrez ou redécouvrez Sorcerer.