Marc et Claudia se sont aimés. Passionnément, follement. Puis tout s’est arrêté, et la vie a suivi son cours. Mais est-ce bien le cas? Dans L’amour est un dumpling, une pièce de Mathieu Quesnel et Nathalie Doummar, mise en scène par Mathieu Quesnel et jouée chez Duceppe, les deux anciens amants découvriront que le passé est toujours bien présent.
Sept ans après s’être laissés, les deux adultes ont clairement encore des sentiments l’un pour l’autre, mais les choses se sont grandement compliquées. Claudia veut un enfant; Marc en a déjà quatre. Et de là, on continue de remonter le fil d’une relation particulièrement tumultueuse.
Sans donner tous les rebondissements du scénario, bien entendu, il suffit de savoir que l’intrigue ira en se complexifiant, à l’instar de couches d’existence qui s’accumulent jusqu’à former une étrange carapace, à la fois particulièrement solide et sujette à l’éclatement d’un seul coup.
Qu’est-ce que l’amour, en fait? Une simple série de signaux chimiques? Quelque chose de plus? Quand décide-t-on que l’on a trouvé la « bonne » personne pour faire sa vie? Où est le moment charnière entre la folie des premiers émois et le côté rationnel de la relation à long terme? L’amour est un dumpling va sinon aborder ces sujets par la bande, sinon forcer le spectateur à réfléchir à toutes ces notions, voire à repenser à tous ces moments où on a voulu sauter dans le vide, suivre cette boule d’émotion dans l’estomac, plutôt que d’écouter son cerveau.
Sur scène, Nathalie Doummar et Simon Lacroix échangent des répliques comme on échange parfois des coups de feu ou des parades d’escrime. Les échanges sont vifs, violents, puissants; les deux personnages se connaissent, se rappellent les forces et les faiblesses de l’autre, et ne manquent pas une occasion de les exploiter, que ce soit pour le meilleur ou pour le pire.
Hélas, dans ce quasi-huis clos d’environ 70 minutes, le rythme s’essouffle à mi-parcours. L’intervention de la propriétaire du restaurant où nos deux ex-amoureux se rencontrent, en plus des diverses séquences musicales, tout cela a quelque peu des allures de remplissage. À tout le moins, certainement, ces moments font retomber une pression qu’il était pourtant plus qu’intéressant de voir croître.
Est-ce suffisant pour gâcher le repas? Que nenni, puisque la force du texte demeure suffisante pour que l’on puisse se rendre jusqu’au dessert, voire jusqu’au digestif.
Une oeuvre à déguster, donc, avec ou sans baguettes. Mais gare aux sentiments refoulés qui rôdent…
L’amour est un dumpling, présenté jusqu’au 25 avril.