Premier film long-métrage québécois à trouver sa place sur les serveurs du géant américain Netflix, Jusqu’au déclin a fait parler de lui pour divers aspects, notamment son côté prémonitoire en raison de sa thématique survivaliste. Et à juste titre.
Sur une terre éloignée, Antoine, un père de famille craignant de ne pas pouvoir aider sa famille en cas d’effondrement de la civilisation, rejoint d’autres survivalistes pour suivre une formation auprès d’Alain, qui s’est établi sur un grand domaine, et dont les vidéos diffusées sur YouTube sont particulièrement populaires.
Tout semble d’abord bien se passer, dans ce film réalisé par Patrice Laliberté, alors qu’Antoine (Guillaume Laurin) apprend à connaître Alain (Réal Bossé), mais aussi les autres participants à la formation, notamment Rachel (Marie-Évelyne Lessard), une ancienne de l’armée qui est certainement capable de se débrouiller à mains nues ou avec une arme à feu.
Un drame soudain et particulièrement violent forcera cependant tout ce beau monde à être confronté à l’impensable. De là, Jusqu’au déclin glissera vers la peur, l’agression et la mort.
Tourné dans une nature magnifique, Jusqu’au déclin a notamment fait les manchettes en raison de sa sortie, en pleine déferlante de la pandémie de coronavirus au Québec. Pendant que les gens d’ici se précipitaient dans les épiceries pour accumuler des réserves de papier de toilette, Réal Bossé, lui, parlait de faire des provisions de nourriture, mais surtout d’apprendre à se défendre et à tuer, si nécessaire, pour défendre ses biens. Le personnage de Bossé aura d’ailleurs quelques répliques qui porteront les autres personnages à réfléchir. « Lorsque vous verrez 5000 migrants avec des machettes », dit-il, avant d’évoquer l’importance de fabriquer des bombes pour « en tuer par dizaines ».
Il n’est pas surprenant, d’ailleurs, que le personnage de survivaliste joué par Bossé soit aussi xénophobe. Après tout, la peur de l’autre, de l’envahisseur, c’est aussi la peur de ceux qui sont différents.
Mais cette thématique de survie et de méfiance envers les institutions étatiques disparaît rapidement, au moment où le film passe justement en mode action (et violence). On laisse alors de côté ces commentaires sociétaux pour se concentrer sur le déroulement des péripéties, et ce jusqu’au générique de fin.
S’agit-il d’une bonne, ou d’une mauvaise chose? Le film en soi est intéressant, et les revirements de situation sont suffisamment nombreux pour que le cinéphile reste accroché jusqu’au bout du long-métrage. Il faut toutefois reconnaître que l’affrontement psychologique entre les personnages est franchement de trop courte durée pour qu’on ait l’impression que ceux-ci ont atteint leur plein potentiel de développement. On aurait aimé voir davantage de friction, davantage de heurts, plutôt qu’une dégringolade à toute vitesse.
Cela étant dit, Jusqu’au déclin est un film d’action comme on en voit peu au Québec. Et le fait d’avoir tourné le tout l’hiver, dans la magnifique nature de « chez nous », ajoute certainement une touche de charme à l’ensemble de la chose. À voir, donc, alors que notre civilisation tient toujours debout.
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