À peine 16% de la population adulte mondiale paie pour s’informer, révèle une étude du Forum économique mondial (FEM) publiée jeudi. Heureusement, cette proportion serait en voie d’augmenter, mais les chercheurs craignent que la multiplication des murs payants et autres mesures tarifaires, nécessaires pour éviter le naufrage de plusieurs médias, ne mène à une inégalité en matière d’accès à de l’information de qualité.
Selon les données publiées par l’organisation internationale, 44% des répondants des États-Unis, de Chine, d’Inde, du Royaume-Uni, de la Corée du Sud et de l’Allemagne paient pour du divertissement, qu’il s’agisse de la télévision, du cinéma, ou d’autres formes de divertissement en ligne – la version anglaise de l’étude emploie le mot media, qui représente à la fois l’information et les médias, mais aussi le divertissement dans sa forme plus vaste.
Malgré ces faibles proportions, de 80 à 90% des consommateurs consacrent en moyenne 24 heures, par semaine, à lire, regarder ou écouter des nouvelles ou du contenu de divertissement. Environ 60% des consommateurs se sont abonnés à un service d’information ou de divertissement, que ce service soit gratuit ou payant, et possèdent des comptes, en moyenne, pour sept services qui couvriront l’information, la vidéo, le sport, les jeux vidéo, la musique, les balados et les blogues.
« L’actuelle pandémie de coronavirus vient souligner le rôle indispensable joué par les informations et le divertissement dans la société contemporaine », affirme Kirstine Stewart, responsable de la section des médias au sein du FEM. « Alors que la valeur du contenu augmente, l’industrie a besoin de modèles financiers qui lui permet de remplir entièrement ses fonctions sociales, tout en soutenant l’accès répandu aux contenus essentiels. Cela ne peut se produire en vase clos: il faut du dialogue, y compris avec les instances réglementaires, pour trouver des solutions qui permettent d’atteindre un équilibre entre l’innovation, le bien-être des consommateurs, celui des entreprises, ainsi que la responsabilité corporative de tous les décideurs au sein de l’industrie. »
Entre autres conclusions de l’étude, on évoque une forte croissance de la proportion de gens qui seraient prêts à payer pour s’informer, soit de 16 à 53%, ainsi qu’une hausse un peu moins marquée des personnes souhaitant délier les cordons de la bourse pour être divertie, de 44 à 70%.
Par ailleurs, deux des économies les plus dynamiques du globe (avant la pandémie, bien sûr), la Chine et l’Inde, font espérer le meilleur pour la consommation payante d’informations et de contenus liés au divertissement, affirme le FEM: en Chine, 25% des répondants payent pour accéder aux nouvelles, et 59% ont déjà payé pour accéder à au moins un service vidéo ou de sports, des proportions qui pourraient s’expliquer par la prévalence plus importante de modèles de paiement à l’utilisation dans ce pays.
En Inde, les consommateurs sont davantage portés à s’abonner à davantage de services payants. Selon ces répondants, ils seraient prêts à payer pour environ trois services de divertissement et quatre services d’information, comparativement au maximum de un à deux services auxquels les consommateurs des autres pays interrogés seraient généralement prêts à payer.
L’étude révèle aussi que les plus jeunes, soit les 16 à 34 ans, sont ceux qui sont le plus portés à payer pour du contenu. En moyenne, 61% d’entre eux paient déjà pour du divertissement, alors qu’ils sont 17% à payer pour s’informer, deux proportions qui sont plus importantes que la moyenne mondiale pour l’ensemble des tranches d’âge.
Une inégalité sociale?
Si l’on regarde cependant les différentes proportions de gens prêts à s’abonner à des services payants, il apparaît rapidement que les gens faisant partie des groupes aux revenus moindres auront moins tendance à payer pour du contenu, comparativement aux groupes plus aisés.
Cela porte à croire, croit le FEM, qu’il pourrait y avoir l’émergence d’une disparité claire entre les nantis et les moins nantis lorsque vient le temps de se divertir et de s’informer, d’autant plus que plusieurs médias multiplient les obstacles pour accéder à leur contenu, qu’il s’agisse d’un mur payant, ou d’autres méthodes visant à limiter l’impact de la dissémination gratuite des nouvelles sur le web.
Pour contrer ce clivage sociétal, les répondants s’attendent, dans une proportion de 35%, que les différents gouvernements financent les médias. Cette proportion tombe à 18% quand on évoque plutôt des subventions aux créateurs de contenus de divertissement.
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