En Californie, les transformations climatiques ont fait en sorte que l’automne a davantage des allures d’été, avec une météo plus chaude et plus sèche, qui vient accroître les risques de saisons des feux de forêts qui sont plus longues et dangereuses, selon une nouvelle étude effectuée à l’Université Stanford.
Les travaux, publiés dans Environmental Research Letters, permettent de fournir des informations pouvant aider les autorités à pratiquer la mitigation des risques, la gestion des terres et l’allocation des ressources, affirment les chercheurs.
« Plusieurs facteurs jouent sur les risques de feux de forêts, mais cette étude démontre que le réchauffement à long terme, combiné à une diminution des précipitations automnales, vient déjà augmenter les probabilités que surviennent les conditions extrêmes qui se sont avérées particulièrement destructrices ces dernières années, dans le nord et le sud de la Californie », mentionne le principal auteur de l’étude, Noah Diffenbaugh.
Depuis le début des années 1980, la fréquence des jours d’automne où prévalaient des conditions extrêmes de feux de forêts a plus que doublé en Californie. Les précipitations pendant cette saison ont diminué d’environ 30%, alors que les températures moyennes ont augmenté de plus de 1 degré Celsius. Les réchauffements les plus marqués sont survenus vers la fin de l’été et au début de l’automne, ce qui a entraîné des conditions propices à l’éclatement de braisers dans les forêts et les terres herbues, coïncidant avec les vents forts et secs surnommés « Diablo » et « Santa Ana », qui sont généralement détectés en automne dans le nord et le sud de cet État américain.
Ces conditions ont alimenté des feux de forêts de grande taille et qui se répandent rapidement au cours des dernières années. Le feu le plus meurtrier, les deux feux les plus destructeurs, et les deux plus grands feux sont tous survenus entre 2017 et 2018, tuant plus de 150 personnes et causant plus de 50 milliards de dollars en dégâts.
Ressources limitées et conditions complexes
Au dire des chercheurs, il existe plusieurs opportunités pour réduire les risques de feux de forêts, ou encore de gérer leur accroissement. Leurs travaux indiquent que l’accord de Paris sur la diminution des émissions de dioxyde de carbone pourrait permettre de ralentir la multiplication des risques de feux de forêts. Cependant, même avec cette diminution, disent les scientifiques, la majeure partie de la Californie devrait se retrouver aux prises avec des risques de feux de forêts « extrêmes » au cours des prochaines années.
« Il est frappant de voir à quel point les changements climatiques ont déjà eu une influence sur les conditions en matière de feux de forêts à travers l’État », indique le coauteur de l’étude, Daniel Swain, de l’Université de Californie à Los Angeles. « Cela représente une nouvelle preuve du fait que les changements climatiques ont déjà un impact sur la vie quotidienne en Californie. »
Les travaux de recherche sont publiés alors que les pompiers californiens sont sous forte pression. Puisque les ressources destinées à la lutte contre les incendies sont généralement concentrées durant le pire de la saison des feux, en été, la récente série d’incendies automnaux, en Californie, ont fortement accru la pression sur les services d’urgence. Et la pandémie de coronavirus pourrait elle aussi augmenter cette pression, y compris en nuisant aux efforts de préparation pour les prochaines saisons estivale et automnale, qui devraient être encore plus intenses, en raison de la faible couche de neige printanière et la sécheresse de l’hiver dans le nord de la Californie.
Entre autres propositions avancées par les auteurs de l’étude, il est recommandé de brûler certaines zones forestières à l’avance, afin de réduire la quantité de bois combustible et d’améliorer la santé des écosystèmes, d’améliorer les services de communication d’urgence, ainsi que d’adopter de nouvelles règles de zonage visant à favoriser la construction de bâtiments résistants aux flammes.