La Chine révèle les secrets qui sont cachés sous la face cachée de la Lune: son petit véhicule qui y roule depuis un an transporte avec lui un instrument radar qui, sur Terre, aurait été suffisamment puissant pour détecter des structures archéologiques enfouies.
Au-dessus, une première couche de pas moins de 12 mètres de poussière —plus exactement une poussière épaisse appelée régolithe, résultat de millions d’années d’accumulations de météorites et de dégradation du sol par les radiations solaires. C’est deux à quatre fois plus que ce à quoi les chercheurs s’attendaient, sur la base des analyses similaires menées de l’autre côté de la Lune. En-dessous, une autre douzaine de mètres d’un sol cette fois plus rude contenant de grosses roches. Et en-dessous encore, jusqu’aux limites du « champ de vision » du radar —40 mètres—ce qui semblent être des couches alternées de roches et de poussière. Dans leur étude, publiée le 26 février dans la revue Science Advances, les chercheurs de l’Académie chinoise des sciences interprètent ces alternances comme les empreintes d’impacts violents dans un passé lointain, suivis par de longues périodes où les couches de poussière s’accumulaient par-dessus.
Le véhicule qui a fait ces analyses roule dans ce qui est le plus vieux et le plus grand cratère d’impact de notre satellite, situé près du pôle Sud. Il s’agit de Yutu-2, soit celui qui avait été transporté par la sonde Chang’e 4, devenue en janvier 2019 la première de l’histoire à se poser sur la face cachée de la Lune. Son prédécesseur, qui s’était posé sur l’autre face en 2013, transportait un instrument similaire et avait montré, pour ce qui est de la couche supérieure, un « décor » étonnamment différent: le radar n’avait pas pu dépasser les 10 mètres en raison d’une épaisse couche de lave solidifiée.
Dans une perspective d’exploration habitée, les chercheurs espèrent démontrer l’utilité qu’auraient ces radars à haute fréquence pour découvrir, entre autres, des couches de glace. Des instruments similaires sont à bord de sondes qui doivent partir pour Mars cet été. Mais dans l’immédiat, les experts en sont encore à débattre des limites de ces radars, qui envoient aussi dans les basses fréquences des données jugées moins fiables — au point où les premières analyses publiées en 2015 contenaient probablement des interprétations erronées.