Mais qui sont-ils, ces fieffés coquins de chez Netflix qui nous larguent une nouvelle saison de Stranger Things, un an et demie après la précédente mouture? Voilà qu’après la thématique Halloween de 2017, les frères Matt et Ross Duffer s’en donne à coeur joie avec une troisième saison s’articulant autour des fêtes du 4 juillet, la célébration de l’indépendance américaine. L’Oncle Sam fête avec des pétards, et pour péter, ça pète!
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Dans la petite ville de Hawkins, en Indiana, la rue principale se meurt, lardée de coups par le nouveau centre commercial situé à deux pas. Et c’est ce Starcourt Mall qui servira de point d’ancrage à l’action de ces huit épisodes particulièrement rythmés permettant d’affirmer, sans se tromper que la série tient toujours bien la route.
Ce qui fonctionne moins bien, cependant, c’est la cohésion au sein du quatuor formé de Mike (Finn Wolfhard), Dustin (Gaten Matarazzo), Lucas (Caleb McLaughlin) et Will (Noah Schnapp). Les quatre garçons inséparables ont vieilli, ont grandi, et après les aventures de la deuxième saison, où la fin des péripéties faisait définitivement le groupe dans l’adolescence, voilà que la saison 3 débute directement avec une remise en question de l’unité toute masculine en raison des visées amoureuses des protagonistes. Mike est en couple avec Eleven (Millie Bobby Brown), la jeune fille télékinétique qui combat les monstres de l’Upside Down depuis déjà deux saisons, et même le père adoptif d’Eleven, le shérif Jim Hopper (David Harbour) n’en peut plus de les voir constamment ensemble, à se minoucher.
Lucas a lui aussi son amoureuse, la fantastique Max (lumineuse et allumée Sadie Sink). Quant à Dustin, il a passé l’été au camp, où il aurait rencontré l’énigmatique Suzie. Ne reste plus que Will, donc, toujours un peu le mal-aimé du groupe, que sa double rencontre avec les forces du mal ont laissé affaibli. Seul, il rêve de retrouver ses amis dans le cadre d’une campagne endiablée de Donjons et Dragons. De revenir en arrière, bref, pour éviter que le temps ne poursuive sa course folle.
On l’aura deviné, et Stranger Things ne s’en cache aucunement, cette 3e saison s’articule plus que jamais autour des thèmes classiques de l’adolescence, de la fin des illusions d’un âge révolu, de l’approche sournoise, mais inéluctable, de l’âge adulte.
À travers tout cela, le Mal, que l’on croyait vaincu à la toute fin de la précédente saison, est toujours actif à Hawkins, et semble décidé à ne rien laisser de côté pour se venger d’Eleven.
Nostalgie, quand tu nous tiens
Hommage simple, mais particulièrement efficace aux (très) nombreux films pour adolescents – sans John Cusack et sa chaîne stéréo, cependant, ou les étrangetés macabres de Weekend at Bernie’s – la troisième déclinaison de Stranger Things n’oublie toutefois pas ses racines. La série en est une d’horreur et de tension, après tout, et certaines scènes bien juteuses nous permettent de ne pas oublier que le concept central demeure celui d’une puissance maléfique qui infiltre une petite ville des États-Unis.
Ceci étant dit, la combinaison des deux thèmes, ainsi qu’un recours plus fréquent à des personnages secondaires, dont le toujours rigolo Steve Harrington (Joe Keeery), qui fait équipe avec la très talentueuse Robin (Maya Hawke, la fille de Uma Thurman et d’Ethan Hawke), ou encore Hopper qui retrouve sa partenaire Joyce (Winona Ryder), permet de varier les plaisirs, histoire d’améliorer encore l’expérience pour le téléspectateur.
On rigole, on s’inquiète, on apprécie grandement l’esthétique néon et outrun dégagée par les nombreux décors du centre commercial et des secrets présents dans les souterrains, on s’accroche aux accoudoirs de notre siège en espérant que les gentils triomphent des méchants… Stranger Things confirme, avec cette troisième saison, son statut de trésor télévisuel. Certes, on est bien loin de productions intellectuelles plus complexes, ou des oeuvres à grand déploiement qui ont coûté des millions en décors et effets spéciaux, mais la formule fonctionne toujours, et on s’en voudrait franchement de s’interdire ce petit plaisir sur un écran tout aussi petit. À consommer sans modération.
Arctic, perdu dans la neige avec un Danois au regard lointain