La dépendance au jeu vidéo vient tout juste d’être ajoutée à la longue liste des maladies publiée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Après son inscription dans l’édition précédente du DSM-5 — la bible des psychiatres — en tant que « condition nécessitant des études plus approfondies », voilà maintenant le clou enfoncé. La 11e édition du manuel ICD-11 officialise son statut: la dépendance au jeu vidéo est désormais considérée comme une maladie mentale.
Selon l’OMS, cette inscription dans la sous-catégorie des « troubles liés aux comportements addictifs » légitimise donc les inquiétudes entretenues à l’égard des joueurs impénitents qui négligent les autres sphères de leur vie pour se centrer sur le jeu. Ce nouveau statut pourrait, selon les experts, encourager les joueurs à consulter des professionnels de la santé pour obtenir des soins, pousser les médecins à offrir ces services et peut-être même inciter les compagnies d’assurance à les couvrir.
Sur le terrain, les professionnels de la santé mentale ont constaté une croissance du nombre de joueurs affirmant perdre le contrôle de leur vie au dépend du jeu. Si plusieurs pointent du doigt les aspects néfastes des nouvelles technologies pour expliquer cette dépendance, d’autres soulignent toutefois que cette condition pourrait être liée à d’autres troubles de santé mentale, telle que la dépression. Une récente revue de littérature va d’ailleurs dans ce sens liant l’anxiété, la phobie sociale et d’autres psychopathologies avec le trouble de jeu en ligne.
Une version revampée
La dernière édition de ce classement international des maladies rassemble maintenant 55 000 codifications (blessures, maladies et autres causes de décès). Son élaboration a tenu compte de près de 10 000 propositions de révision de 1673 participants venant de 31 pays. Son utilité: offrir un langage commun mondial pour tous les professionnels de santé. Pour la première fois, ce classement international peut se consulter en version électronique.
Elle inclut de nouveaux chapitres, dont un sur la médecine traditionnelle qui risque de soulever la controverse auprès des médecins occidentaux et ceux qui luttent pour une information médicale vérifiée. Ce chapitre recense en effet les pratiques alternatives, et non reconnues par la communauté scientifique, provenant de la médecine chinoise, toujours utilisées en Chine, au Japon, en Corée et ailleurs dans le monde. L’inspection de la langue, des odeurs ou des facteurs émotionnels seraient quelques-unes des méthodes rapportées pour déterminer les symptômes des maladies. Les traitements ancestraux associés à ces méthodes y seraient aussi listés.
Cette nouvelle version supprime aussi de sa liste des maladies l’identité « transgenre ». Cette « incongruence » de genre ne sera plus listée dans les troubles mentaux, mais plutôt classifiée sous « condition de santé sexuelle ». Cette modification diminuera sans aucun doute la stigmatisation et contribuera à une meilleure acceptation sociale et un accès facilité aux soins de santé pour ces personnes.
Alors que cette dernière version a été lancée le 18 juin dernier, le manuel ne sera normalement présenté qu’en mai 2019 à l’assemblée de l’OMS pour adoption par les États membres et prendra effet seulement le 1er janvier 2022. Un délai qui permettra de traduire, former les professionnels de santé et, s’il le faut, modifier le classement que les professionnels de santé de la communauté internationale utiliseront dorénavant comme référence.
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