Jean-François et Mariam veulent fonder une famille. Cela impliquera toutefois une série de gestes de grande ampleur pour le jeune homme québécois de souche, qui devra non seulement épouser sa douce moitié marocaine, mais aussi se convertir à l’islam. Voilà qui explique Comment je suis devenu musulman, une pièce jouée sur les planches de La Licorne.
Décrite comme une comédie dramatique, cette oeuvre de Simon Boudreault a des allures de vaudeville: on y cumule les quiproquos, les incompréhensions, on joue sur les codes religieux et sociétaux divergents entre la société québécoise et la société marocaine… Bref, tout ce qu’il faut pour faire s’esclaffer le public.
La pièce aborde toutefois – ou tente d’aborder – certains questionnements particulièrement intéressants, notamment la place de la religion dans la société contemporaine, le poids des traditions, l’intégration des nouveaux arrivants et le déracinement qui s’ensuit pour ces immigrants de première génération.
On y parle aussi de la mort, la mère de Jean-François étant atteinte d’un cancer du pancréas incurable qui ne lui laissera que quelques mois à vivre.
Malheureusement, on tente de combiner comédie et drame, faisant trop souvent passer une scène d’un extrême à l’autre, du rire à la tristesse. Avec pour résultat que le ton est particulièrement inégal, et que l’on demeure bien souvent en surface des sujets qu’il faudrait pourtant creuser. Quelle est, justement, la place du religieux dans un monde où tout semble mal aller, et où les extrêmes gagnent en importance et en visibilité? On peut bien sûr rire de l’annonce, à la chute de l’Union soviétique, de la « fin de l’Histoire », mais qu’en est-il de ce choc des civilisations?
Qu’en est-il, aussi, de l’importance quasi-nulle accordée à l’athéisme dans la pièce? D’autant plus qu’une sorte de jeu questionnaire présenté vers la fin de l’oeuvre démontre, citations et commandements à l’appui, que toutes les grandes religions s’appuient sur des préceptes passéistes, misogynes et violents qui n’ont plus lieu d’être depuis plusieurs siècles.
Quoi qu’il en soit, Comment je suis devenu musulman fait parfois sourire, voire franchement rigoler. Il aurait cependant peut-être fallu se concentrer uniquement sur la comédie, ou uniquement sur le drame, plutôt que de gâcher un peu la sauce en tentant de mélanger les deux, gommant bon nombre d’aspérités au passage.
Comment je suis devenu musulman, de Simon Boudreault (texte et mise en scène), jouée à La Licorne jusqu’au 21 avril.
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