Le travail, c’est la santé! Mais le travail, c’est aussi l’obsession et les énergies titanesques englouties pour des résultats parfois peu renversants. Et en cette ère de boulots à la pige et de disponibilité 24 heures par jour, l’auteure Sarah Berthiaume s’intéresse à ce travail éreintant de tous les instants avec Nyotaimori.
La pièce, donnée au Théâtre d’Aujourd’hui, paraîtra familière aux scribes des temps modernes; Maude (Christine Beaulieu) est journaliste pigiste. Maude a plusieurs dossiers en cours au même moment. Maude travaille trop. Maude néglige sa vie personnelle au bénéfice de son travail. Maude est payée en visibilité.
Disons que pour ce journaliste, qui cumule l’équivalent de deux emplois à temps plein, et qui était justement au Théâtre d’Aujourd’hui pour y critiquer une pièce, travail pour lequel il serait essentiellement payé en visibilité, on se retrouve en terrain un peu trop connu.
Quoi qu’il en soit, Maude est donc obligée d’emporter son ordinateur portable en vacances, alors qu’elle avait promis à sa compagne (Macha Limonchik) de laisser le travail de côté pendant au moins une semaine, histoire de s’embarquer sur un road trip à la Thelma et Louise.
Cette même Macha Limonchik, aidée de Philippe Racine, personnifieront quant à eux diverses facettes d’un monde moderne où le travail fait foi de tout. Si les patrons d’entreprises canadiennes les mieux payés empochent en quelques minutes le salaire annuel de l’employé moyen, nombreuses sont les personnes qui, même si elles gagnent bien souvent un salaire plus que décent, consacrent trop d’énergie à faire tourner les roues de la grande machine capitaliste. Toujours plus de travail, toujours plus de productivité, toujours plus d’argent dans le système… En fait, de l’argent partout sauf dans les poches des petits employés, des rouages du système.
Nyotaimori, du nom de l’acte lors duquel une femme nue sert de table de luxe où l’on déguste des sushis – probablement l’un des symboles les plus frappants des inégalités monétaires et du sexisme engrangés par un monde du travail injuste -, lance ainsi une réflexion plus qu’intéressante sur la question de l’omniprésence de la sphère du travail dans l’existence quotidienne.
Hélas, l’oeuvre cesse sa réflexion à mi-parcours pour plutôt nous entraîner dans une série d’aventures rocambolesques où notre protagoniste s’efface, et ses préoccupations avec elle. On ressort donc de cette pièce d’une durée d’1h40 avec l’impression d’avoir assisté à une ébauche de solution, mais à rien de bien concret. D’autant plus que la « solution » avancée par le personnage principal en fin de pièce est tout sauf satisfaisante. C’est bien dommage!
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