Adapté du roman de Nikolaï Leskov, Lady Macbeth, qui prenait récemment l’affiche au Québec, est un film sur la passion, la colère, le meurtre… mais surtout sur l’ennui. L’ennui ressenti par le personnage principal, certes, mais aussi – hélas! – l’ennui qu’éprouve le cinéphile à l’écoute de ce long-métrage.
Quelque part dans un domaine de la campagne anglaise, la jeune Katherine (Florence Pugh), nouvellement marié à un époux qu’elle déteste et qui la traite comme un animal, finit rapidement par s’éprendre d’un palefrenier, Sebastian (Cosmo Jarvis), au mépris des conventions, bien sûr. Face à une vie de misère, sous la coupe du mari, mais aussi du beau-père, les conventions seront de toute façon rapidement jetées aux orties.
Si le personnage de Lady Macbeth, dans la célèbre pièce de Shakespeare, poussait peu à peu son époux vers la folie, c’est ici la principale intéressée elle-même qui flirtera avec la plongée dans l’abîme, n’hésitant pas à recourir à des méthodes létales pour parvenir à ses fins… et ce, peu importe que les fins en question soient nocives, voire grandement dommageables pour tous ceux et celles qui l’entourent.
Dans des décors dénués de tout artifice – preuve, s’il en est, de la pingrerie, du mari et du beau-père, les acteurs du film de William Oldroyd donnent l’impression de s’ennuyer, et ce au-delà des simples indications scénaristiques. À savoir si le réalisateur ou le scénariste ont oublié d’ajouter un peu d’intonation dans le jeu cinématographique, ou si le roman est bel et bien aussi direct et dénué de profondeur… Le fait est que malgré une histoire intéressante, les rebondissements de l’intrigue laissent franchement froid; d’autant plus que la multiplication des décès dans des circonstances nébuleuses devrait normalement faire rapidement porter les soupçons sur la maîtresse de maison.
À voir les scènes s’écouler, on peut se demander si Oldroyd estimait que les spectateurs comprendraient les dilemmes intérieurs et les drames vécus par les personnages sans qu’il ne soit nécessaire de les expliquer, de les détailler, bref, de les montrer à l’écran. On a bien droit à certains moments émotionnels, mais rien qui ne semble s’attacher, de près ou de loin, à une plongée dans la folie passionnelle poussant au mensonge et au meurtre.
Sans avoir vu les deux autres adaptations du roman sur grand écran (19061 et 1994), difficile de déterminer si cette nouvelle déclinaison est meilleure ou pire que les précédentes. Une chose est certaine, cependant: show, don’t tell demeure une expression plus valide que jamais. Dommage que le réalisateur de Lady Macbeth semble l’avoir oublié.