Sorti en salles vendredi dernier, le film Miséricorde (2017) réalisé par Fulvio Bernasconi brode une fiction autour de cette vertu à pardonner. Le lieu de tournage sublime, le nord du Québec, arrivera-t-il à dissimuler ce mélodrame décousu?
Un jeune autochtone drogué à vélo se fait écraser par un camion noir. Le conducteur s’enfuit. Au même moment, un homme suisse qui avait séjourné dans la région se prépare à retourner chez lui. Apprenant cette nouvelle, et qu’il s’agit du fils de la femme de ménage de son chalet, ce touriste s’improvise en héros faisant tout pour retrouver le conducteur meurtrier. Si cette mise en situation vous intrigue, ce film devrait vous tenir en haleine jusqu’à la fin.
« Miséricorde » semble un titre emprunté à la cinématographie de Bernard Émond, mais le dénouement de ce film n’a rien à voir avec l’intensité dramatique dont a fait preuve ce cinéaste. D’autant plus que le fond de racisme entre les blancs et les autochtones est traité de façon superficielle. On assiste plutôt à un croisement entre le film Trois mondes (2012) de Catherine Corsini et de Duel (1971) de Steven Spielberg. L’événement déclencheur du drame est un hit and run commis par une machine menaçante dont on ne voit pas le conducteur, tel le prédateur du suspense du père de E.T. (1982).
Ce qu’on a du mal à s’expliquer, c’est le parachutage du héros suisse au nord du Québec. Pourquoi s’acharne-t-il autant à trouver le trucker meurtrier ? En parallèle, une enquête de la Sûreté du Québec fait la lumière sur son passé de policier, mais son acharnement s’explique par le titre du film: miséricorde. Cette pitié qui pousse à pardonner à un coupable, à un vaincu, trouve son origine dans un événement tragique survenu avant son départ de Suisse. Le brassage de séquences via la technique du montage de la situation initiale nous donne un indice sur ce secret qui le hante.
Le héros a beau être Suisse, le cinéaste ne campe pas ses traits culturels. Il aurait pu être Wallon, Guyanais ou Réunionnais. Bref, c’est un étranger francophone. À cela s’ajoute une bonne dose d’invraisemblance. Apparemment, dans le Nord on n’a qu’à supplier un mécanicien pour qu’il nous installe une radio de police dans notre voiture. Au milieu de la forêt, on peut abandonner sa voiture et continuer à pied. Ou encore, se faire reconduire au site d’une mine à ciel ouvert sans se préoccuper de son retour. Ce laisser-aller est montré comme une détermination un peu folle du personnage, mais nuit au réalisme.
Le malaise, on le ressent surtout quand trois mea culpa sont alignés de suite. On se sent angoissé comme le personnage joué par Évelyne Brochu; cette actrice n’a jamais été truckeuse, sans l’ombre d’un doute.
Heureusement que l’on voit du pays!
Miséricorde (2017), réalisé par Fulvio Bernasconi est projeté en salles depuis vendredi.