Dans la salle principale du Monument-National, pas de décor. Pas d’arrangements ostentatoires, de costumes, ou quelque apparence de mise en scène que ce soit. Simplement une table, une chaise et une bouteille d’eau. Tout ce qu’il faut à Pierre Mifsud pour la première de ses Conférence (s) de choses, présentées au Festival TransAmériques (FTA).
Ces conférences, une production de la 2b company, avec François Gremaud à la conception et MM. Gremaud et Misfud à l’écriture, sont une invitation à la détente, mais aussi à l’instruction. La combinaison des deux termes peut sembler étrange, tout comme le concept de ce « spectacle ». Et que dire de l’arrivée du conférencier sur scène? Le voilà, vêtu d’un chandail quelconque, montant sur la scène tout simplement, un sac au dos. Le voilà aussi qui sort un minuteur dudit sac, histoire de ne pas dépasser les 53 minutes allouées pour l’exercice. On se croirait en salle de classe.
Ce que M. Misfud semble bien cacher, en fait, est en sens inné pour le discours. Si le programme distribué à l’arrivée parle en gros d’un « Wikipédia humain », et de la mise sur un pied d’égalité, sur le web, de toutes les formes de contenu, peu importe leur valeur, il ne faut pas penser que cette Conférence de choses ne sera qu’un babillage intempestif sur divers sujets. En fait, M. Misfud nous invite à une conversation. Une conversation où il est le principal interlocuteur, certes, mais une conversation malgré tout, où le public n’a pas l’impression d’assister à un cours magistral, mais plutôt à un (long) échange quelque part dans une soirée mondaine.
L’homme semble d’ailleurs avoir fait ses devoirs, puisque le texte de sa présentation a été adapté pour justement parler d’abord du Monument-National, de ses origines et de son évolution. On trouvera que le conférencier saute parfois du coq à l’âne, avec, une fois ou deux, une tendance à l’exagération, mais rien de ce qui est raconté ne semble trop gros, trop absurde pour être sciemment faux. L’inconvénient de devoir se fier à une seule personne pour obtenir de nouvelles informations, peut-être, mais voilà l’effet du talent d’orateur de M. Misfud; personne n’avait franchement envie de commencer à sortir son téléphone et contre-vérifier chaque fait.
Au final, on en aurait pris davantage, de cette Conférence de choses. Le rythme est peut-être un peu difficile à tenir pour certains, mais il ne fait aucun doute que M. Misfud est un orateur hors pair. Heureusement, la série d’allocutions se poursuit pour le reste de la semaine, y compris avec la présentation de l’intégralité du « spectacle », dimanche. Un petit six heures, rien de trop grave.