« Bonjour Hugo, notre film vient de sortir; aimeriez-vous en faire la critique? » Ce message, envoyé par Jon Cvack, scénariste et réalisateur du film Road to the Well, va droit au but: le long-métrage produit avec un budget quasi-inexistant vient de sortir, et l’équipe est à la recherche de critiques pour mousser la popularité de son produit.
Propulsé par une campagne de socio-financement menée sur la plateforme Kickstarter, Road to the Well est un drame racontant l’histoire hélas trop ordinaire de Frank. Employé de bureau maussade, dont la copine se retrouve rapidement avec la langue du patron de notre héros entre les cuisses, Frank décide de prendre le taureau par les cornes. Poussé à lâcher son fou par son vieil ami Jack, qui mène une vie simple sans but précis, Frank se retrouve rapidement dans de beaux draps, alors qu’il doit cacher les résultats d’un meurtre sordide pour lequel il semble être le coupable tout désigné.
Voilà peut-être la grande force de Road to the Well et de son scénariste / réalisteur: si le film ne paie pas particulièrement de mine – il a amassé un peu plus de 40 000 $ US sur Kickstarter, est-il important de rappeler -, c’est du côté des nombreux revirements de situation intégrés au scénario que se situe tout le mérite de l’oeuvre. Déjà, la possible implication de Frank dans un meurtre surprend, alors que le film avait des allures de drame de moeurs et de long-métrage sur l’art de transformer sa vie pour le mieux. On taira les développements supplémentaires; il suffit de savoir que plus le film avance, plus l’histoire des personnages gagne en profondeur, tout comme la complexité de l’intrigue.
Cette force peut également devenir une faiblesse: l’inclusion d’un personnage de militaire aux pensées suicidaires, soupçonneux des véritables visées de Frank et Jack, semble engager le film dans des méandres trop complexes pour son propre bien. À croire qu’il était vraiment nécessaire de provoquer une nouvelle série de quiproquos et de malentendus pour faire grimper la tension de quelques crans.
Mais alors que Woodbanger Entertainment parle d’un « diamond in the rough », force est d’admettre que Road to the Well surprend par la solidité de son script et la profondeur inattendue des relations entre ses personnages. Le film ne gagnera pas de prix d’interprétation, mais pour une oeuvre tournant avec des fonds minimes et pour laquelle le scénariste et réalisateur doit lui-même prendre en charge l’aspect promotionnel, les résultats vont bien largement au-delà des attentats.
Pour les amateurs de drames ambitieux qui ont envie de se mettre quelque chose de nouveau et d’original sous la dent, Road to the Well est certainement un candidat tout désigné. À se procurer en vidéo sur demande et en DVD.