Partout, les grognements. L’odeur de la mort. Et pas de Jonathan Coulton pour chanter des balades à saveur humoristique. Dans Zombie 15′, conçu par Guillaume Lemery et Nicolas Schlewitz, et publié par Iello Games, vous avez la mort aux trousses, et bien peu de temps pour y échapper.
Jeu de société se déroulant, comme son titre le laisse entendre, dans un univers post-apocalyptique où les morts-vivants ont quasi-totalement dévoré leurs homologues au sang chaud, Zombie 15′ s’articule autour d’un concept particulièrement simple: tous les scénarios devront être réussis en 15 minutes ou moins, sous peine d’échec.
À travers un quartier de la ville ou de la campagne à la composition changeante en fonction des divers scénarios, de deux à quatre aventuriers adolescents devront affronter des zombies, mais aussi trouver des objets utiles à leur quête. Armes, équipement, clés pour accéder à des zones spéciales de la carte… les possibilité sont nombreuses et le danger, bien réel.
Ce que Zombie 15′ fait bien, le jeu le fait très bien. Les composantes sont d’une très bonne qualité, particulièrement les figurines de zombies, solides et bien détaillées. La diversité et la rejouabilité des scénarios, avec les transformations géographiques que cela implique sur la surface de jeu et en matière de distribution des monstres et des items à récupérer, sont bien au rendez-vous. Et devoir accomplir divers objectifs en devant tenir compte de la lente multiplication des zombies et de l’écoulement inéluctable du temps imparti provoque un stress chez les joueurs qui est particulièrement agréable… sauf peut-être pour le niveau d’adrénaline.
Cependant, ce que Zombie 15′ réussit moins bien vient pratiquement gâcher l’expérience de bout en bout. Le grand nombre de scénarios offerts avec le jeu, scénarios qui peuvent être joués à la manière d’une longue campagne, sorte de Left 4 Dead sur plateau, implique également un grand nombre de tuiles servant à construire le « terrain de jeu ». Un compte pratiquement une trentaine de ces tuiles, chacune avec deux faces différentes. Celles-ci sont normalement classées en ordre au départ, mais il suffit d’assembler deux, voire trois surfaces de jeu pour être condamné à une fouille lente et quelque peu frustrante. Idem pour la pléthore de jetons de diverses tailles. En ajoutant à cela la nécessité de sélectionner certaines cartes seulement à partir des nombreuses piles disponibles, la mise en place d’une seule partie peut facilement prendre plus de temps que la durée normale d’un scénario. Difficile, alors, de conserver son allant et de maintenir le niveau de stress (et d’enthousiasme!) des joueurs. Au lieu de terminer in extremis une course à toute vitesse vers un commissariat de police où devraient normalement se trouver des armes salutaires pour ensuite replonger immédiatement dans l’action, les joueurs auront le temps de se resservir une bière ou d’aller aux toilettes, le temps que le maître de jeu procède aux changements nécessaires.
Et cela, c’est sans compter les règles quelque peu complexes qui nécessiteront vingt, voire 30 minutes de préparation supplémentaire avant la première partie. Car après tout, une fois le jeu lancé, il ne sera plus temps de retourner fouiller dans le manuel…
Zombie 15′ reprend également un concept remontant aux années 1990, alors que se multipliaient les jeux de société venant avec une cassette VHS qui marquait le temps imparti pour une séance, mais qui venaient aussi agrémenter le déroulement du jeu. Cette fois, c’est un CD contenant trois pistes sonores de 15 minutes chacune qui est livré avec le jeu. Passons outre la nécessité de disposer d’une chaîne stéréo ou d’un ordinateur à proximité de la surface de jeu, et soulignons que cet ajout sonore joue un excellent rôle comme motivateur pour les joueurs. Au lieu d’un simple décompte, l’ambiance musicale est parfaitement adaptée au contexte d’une course contre les zombies… et la montre. Une piste sonore mise en ligne serait toutefois plus appropriée.
Zombie 15′, jeu trop ambitieux pour son propre bien? Des joueurs expérimentés, connaissant mieux la composition des différents scénarios et les pièces nécessaires pour y jouer, sauront certainement se préparer et jouer aisément et rapidement. Pour les néophytes, cependant, on se retrouve plutôt promptement submergé par la quantité d’accessoires, pions, cartes et figurines essentiels au bon déroulement d’une partie. Si, dans le feu de l’action, les aspérités des règles sont oubliées, cette obsession de la microgestion et l’ampleur des tâches liées à la préparation des scénarios très courts gâchent certainement le plaisir.
La copie de ce jeu a été fournie par Le Valet d’Coeur.