Avec le documentaire Montréal New wave projeté à la Cinémathèque québécoise, Érik Cimon cerne le mouvement qui a éclaté autour du synthétiseur. Ce qu’on considère comme « nouveau » au tournant des années 1980 se rapproche du Dada de la modernité.
Le documentaire commence avec des images d’archives de l’Expo 67. Née dans ce rêve fabriqué, la nouvelle génération a atteint la majorité dans l’impasse post-référendaire. Au lieu de scander « no future » comme les punks ou les messages de « paix et amour » comme les baby-boomers, ils ont fait table rase du passé afin de se donner Montréal comme vaste scène d’est en ouest, et le long du boulevard Saint-Laurent.
Telle la mode disco, le rythme pop était accrocheur et attirait les jeunes dans les clubs. Par contre, les tenues éclatantes et le contenu des prestations en direct étaient complètement « thrash ». En entrevue, Normand Brathwaite nous amène à porter attention à la violence des paroles du succès Pied de poule (1982) et à la futilité indispensable de son personnage chantant Larmes de métal (1983). En fait, les artistes renouaient avec le rêve de l’Expo 67 dans un contexte tout autre, plus sombre.
L’aspect pragmatique et unique des performances musicales ou autres visait à marquer un espace-temps qui s’avérait à devenir en retour une justification pour ce que les créateurs sentaient le besoin d’exprimer. Ainsi, on retrouve l’intention des dadaïstes de rompre avec la modernité de leur temps.
Marcel Duchamp a remis en question le lieu de l’art avec son urinoir, Claes Oldenburg a remis en question l’espace de consommation avec son hamburger géant et l’École du Bauhaus a tout simplement réduit l’ensemble de la représentation à sa plus simple expression: triangle jaune, carré rouge, cercle bleu.
La bulle illusoire du New wave répondait au Dada, un rapport symétrique. De la peinture Saturne dévorant un de ses fils (1818-1823) de Francisco de Goya au film Metropolis de Fritz Lang (1927), la modernité constituée par le progrès scientifique et technique était le conditionnement à rompre pour les dadaïstes. Au tournant des années 1980, un autre impératif s’est imposé : la technologie. À mesure que les inventions électroniques apparaissaient, le mouvement progressait.
Le documentariste nous montre des croisements, par exemple l’artiste Michel Lemieux utilise un déguisement Dada constitué de formes géométriques, alors que le « beatnik » Leonard Cohen fait apparition dans un vidéoclip.
Dans un autre registre, la cinématographie éclectique de John Waters fait le pont entre les deux puisqu’il s’est inspiré directement de la beatnik Maelcum Soul.
Futur
Tous s’entendent pour désigner à la base du mouvement New wave la formation allemande Kraftwerk. Les chaînes Musique Plus, Much Music et MTV ont émergé pendant cette période.
Pour avoir tourné le vidéoclip de la chanson The Safety Dance (1982) en Angleterre et participé à une émission télévisée en Allemagne, la formation montréalaise Men Without Hats demeure la plus connue.
…ainsi l’universel à cédé sa place à l’international où Montréal s’est démarquée.