Le justicier masqué n’est plus : pour cadrer l’action du prochain jeu se situant dans l’univers de Batman, les gens de chez WB Games, à l’oeuvre sur Gotham Knights, ont tué le célèbre milliardaire. Rencontre avec Fleur Marty, productrice exécutive, qui travaille sur ce titre intrigant.
Intrigant, oui, car en plus de sortir du cadre traditionnel de la série Arkham, par exemple, où le joueur endossait l’habit de Bruce Wayne, la mort dramatique de ce dernier permet à la Cour des hiboux, une mystérieuse organisation, de prendre de plus en plus de place à Gotham…
En entrevue, Mme Marty rit un peu lorsqu’on lui demande d’expliquer ce qui va se passer dans le jeu. « Je vais essayer d’en parler, mais sans donner trop de spoilers. Mais le point de départ du jeu est effectivement la mort de Bruce Wayne, la mort de Batman. Et c’est un point de départ qui nous intéresse beaucoup, parce que ça nous permet de voir ce qui se passe, à partir de ce moment-là, du côté de la famille Batman, avec nos quatre héros, Batgirl, Robin, Redhood et Nightwing, qui ont tous été sous l’aile de Batman… Comment eux réagissent-ils à sa disparition? Comment vont-ils essayer de reprendre son rôle de protecteur de Gotham? », indique-t-elle.
Toujours selon Mme Marty, ce nouveau scénario « est aussi intéressant du côté des méchants; plusieurs méchants célèbres de Gotham ont un long historique avec Batman. Même pour eux, c’est une sorte de choc. Donc, ça permet vraiment d’explorer ces deux choses-là ».
« Et notre antagoniste principal est effectivement une société secrète, la Cour des hiboux (Court of Owls en version anglaise, NDLR), qui était un « personnage » qui nous intéressait beaucoup, car pour nous, Gotham City est un personnage à part entière du jeu. »
Comme l’explique la productrice exécutive, « la Court of Owls, c’est une société secrète qui est vraiment infiltrée partout dans les fondations de la ville, et qui tire les ficelles depuis des dizaines et des dizaines d’années, et qui se mettra elle aussi à émerger en l’absence de Bruce ».
« Tous ces facteurs réunis sont la base de notre histoire. »
Et outre la nécessité de créer un nouveau monde, en quelque sorte, avec de nouveaux personnages principaux, les développeurs de chez WB Games sont toujours face au défi du monde ouvert : comment, après tout, rendre un jeu intéressant, et surtout conserver un rythme suffisamment enlevant, lorsqu’il est possible de mettre une quête principale sur « pause », et d’aller se promener à l’autre extrémité de la carte?
« Le challenge est un peu ça, en fait. Pour nous, l’histoire, la trame narrative est extrêmement importante. Mais avec un monde ouvert, on veut laisser de la liberté au joueur. Et le défi consiste à trouver l’équilibre entre la liberté du joueur, la capacité d’explorer et d’aller combattre le crime et effectuer des activités où l’on veut, tout en étant sûr qu’il est toujours clair, pour le joueur, de déterminer ce qui fait partie de notre trame narrative principale », indique Mme Marty.
Cette dernière ajoute que l’équipe de développement a d’ailleurs davantage corsé la chose en ayant non seulement la quête principale, centrée autour de la Court of Owls, mais aussi plusieurs arcs narratifs secondaires complets avec certains méchants bien connus, dont Mr Freeze. « Ce sont des histoires en elles-mêmes que le joueur peut décider de suivre. Le défi est vraiment du côté de la clarté, avec une situation où on se dit « voilà toutes les options dont je dispose, et qu’est-ce qui fait partie de quoi? ». »
Ensemble, mais parfois séparés
Autre particularité de Gotham Knights, le jeu pourra aussi se vivre en mode coopératif, avec un ou une amie branché(e) en ligne. Et non seulement les joueurs pourront s’attaquer ensemble à un méchant, par exemple, mais ils pourront aussi se séparer pour aller accomplir diverses tâches chacun de leur côté.
« Ils auront seulement besoin d’être réunis lorsqu’ils suivront la trame narrative principale. »
Malheureusement, le jeu aura beau se décliner sur plusieurs plateformes, il ne sera pas possible, si l’on se trouve par exemple sur PC, de se brancher à un autre joueur sur Xbox.
Inspirations et attentes
Bien entendu, quiconque s’aventure du côté de Batman entre dans un univers riche de plusieurs décennies de films, de séries télé, de bandes dessinées… et même de jeux vidéo. Si, par exemple, le plus récent film s’inspirait notamment de la série de BD The Long Halloween, Mme Marty indique que les développeurs de chez WB Games se sont, eux, inspirés à la fois de tout et de rien.
« Notre jeu n’est absolument pas une suite… Donc, à la base, il fallait déterminer le genre d’histoires différentes que nous voulions raconter. Et c’est pour cela que nous étions intéressés par la Court of Owls; parce que même si, maintenant, c’est devenu un arc narratif assez culte, c’est relativement récent, en fait. Et donc, cela n’avait pas encore été exploré dans les jeux vidéo », explique-t-elle.
Les gens de chez DC Comics ont d’ailleurs été d’une grande aide au début de la conception du jeu, ajoute Fleur Marty. « Les conversations avec eux a nourri les réflexions de notre équipe créative. Mais j’ai envie de dire que nous ne racontons pas d’histoire d’un comic. On a pris de l’inspiration à droite, à gauche, pour construire notre histoire. »
Et qu’en est-il des amateurs? Après tout, avec des décennies d’histoires, et probablement des dizaines de millions, voire des centaines de millions de fans de Batman, il y a toujours le risque de s’en mettre plusieurs à dos… « Je ne dirais pas qu’il y a une peur (de déplaire aux fans, NDLR); nous sommes tous très fiers du jeu que nous sommes en train de terminer. Mais il y a évidemment une pression. Et peu importe ce que l’on fait, une franchise comme celle-là est quand même mythique. C’est un honneur de pouvoir travailler dessus, mais oui, il y a aura toujours des gens qui seront fâchés par le fait que nous commençons par tuer Batman! », ajoute Mme Marty en riant.
L’équipe de WB Games sait par ailleurs entretenir le mystère, avec le dévoilement au compte-gouttes des personnages et des habiletés de chacun. Pour découvrir l’ensemble de l’oeuvre, il faudra normalement attendre la fin d’octobre.
Écoutez l’intégrale de l’entrevue avec Fleur Marty dans le cadre du podcast Pixels et préjugés: