Mais que se passe-t-il à Middle River? Dans Knives and Skin, présenté dans le cadre du Festival Fantasia, cette petite ville du Midwest est le lieu d’étranges phénomènes quasi-psychédéliques qui surviennent après la disparition de Carolyn Harper, abandonnée après une séance de necking qui tourne mal.
Scénarisé et réalisé par Jennifer Reeder, entre autres connue pour A Million Miles Away et Signature Move, Knives and Skin, avec ses teintes Lynch-esques, son éclairage quelque peu outrun, ses moments psychédéliques, jette un éclairage trouble sur une poignée de familles et d’individus particulièrement dysfonctionnels. Moment étrange, entre autres, lorsque l’on voit le père de famille désoeuvré, au visage recouvert d’un maquillage de clown, se faire offrir une fellation dans une camionnette garée au bord du chemin.
Moment étrange, aussi, lorsque le t-shirt au faciès de tigre de la copine du clown désoeuvré en question se met à parler à celle qui le porte comme un talisman. Moment étrange, enfin, quand on nous lance à la tête quantité de thèmes que l’on retrouve habituellement dans ce genre de films, ceux où la disparition d’une jeune femme est le prétexte pour illustrer les tensions, voire la pourriture qui gangrène une microsociété sur le bord de l’explosion. De l’homosexualité à l’agression sexuelle, en passant par le féminisme, l’ennui typique des petites villes, la lente maturité des protagonistes, le désespoir économique et social, la perte d’un être cher, ou encore les rêves d’une vie meilleure, tout y passe. Parfois de façon logique et structurée, parfois un peu n’importe comment, un peu dans tous les sens, sur un fond sonore aux accents de shoegaze et de musique éthérée au synthé.
Drame existentiel, production bien souvent complètement déjantée, Knives and Skin a des allures de film incomplet, de film inachevé. Rien de catastrophique, heureusement – et nous sommes à Fantasia, après tout, là où les oeuvres plus edgy, moins encadrées, ont particulièrement la cote –, mais on termine malgré tout le visionnement avec le sentiment qu’on aurait pu restructurer un peu tout ça. Gardons ce joli bordel, ce film un peu tête en l’air: après tout, la vie est déjà bien assez ennuyeuse comme cela.
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