À Avignon, pendant le célèbre festival de théâtre de la ville des papes, Stéphane, un acteur dont la carrière bat de l’aile, se retrouvera forcé de jouer un rôle, deux fois plutôt qu’une, dans l’espoir de tomber amoureux.
Réalisé et scénarisé par Johann Dionnet, Avignon, film au titre original s’il en est un, est une comédie sans prétention, un peu à l’image des oeuvres dans lesquelles Stéphane semble forcé de jouer, faute de « vrai » théâtre.
Ce sera d’ailleurs le véritable dilemme au coeur du film: qu’est-ce que le « vrai » théâtre? Faut-il vraiment jouer les classiques, Molière, Shakespeare et les autres, pour être un « vrai » comédien? Si le public passe un bon moment devant une oeuvre légère, est-ce vraiment un crime?
L’idée a du bon, bien franchement. Sauf que pour enrober tout cela, on a droit à un quiproquo tout à fait classique et éculé, où Stéphane se retrouve coincé et forcé de mentir en affirmant jouer Rodrigue, dans Le Cid, de Corneille, alors qu’il joue le frère amateur de foot dans Ma soeur s’inscruste. Pas le même niveau, dirons-nous.
Exit, donc, les considérations plus vastes à propos de la définition de l’art théâtral et du snobisme présumé ou avéré de certaines disciplines; Stéphane est en amour (ou en manque), et il creuse lentement sa propre tombe. Rien de plus, hélas.
Il y a heureusement quelques qualités, dans ce film, notamment l’acteur qui joue Stéphane, justement, Baptiste Lecaplain, qui tire relativement aisément son épingle du jeu. Saluons aussi la présence de Lyes Salem, qui interprète Serge, le metteur en scène et chef de troupe aussi passionné que frondeur et dictatorial.
Mais du reste, malheureusement, Avignon est un film trop convenu pour son propre bien. Il y avait pourtant bien de l’espace et de la matière pour construire une comédie intelligente autour des arts de la scène; il n’en est hélas rien.