Avez-vous déjà eu envie de n’accomplir que le strict minimum, au travail? Ce phénomène n’est pas nouveau, et vous n’êtes pas le seul ou la seule à ressentir ce désir: bienvenue dans le monde du quiet quitting. Et selon deux chercheurs du Stevens Institute of Technology, cette tendance s’explique par plusieurs causes sous-jacentes, y compris un sentiment de perte de contrôle.
La tendance n’a rien de nouveau, rappellent les auteurs des nouveaux travaux de recherche: après tout, voilà belle lurette que des employés ressentent de l’insatisfaction au travail, sentent qu’ils sont au bout de leur énergie, ou jugent ne pas s’accomplir dans le cadre de leurs fonctions.
Mais dans la foulée de la pandémie, ce phénomène fait de plus en plus les manchettes.
« Nous avons constaté la multiplication des mots-clics #QuietQuit, et beaucoup de déclarations et de mentions à propos de cette tendance », mentionne ainsi, par voie de communiqué, Justine Hervé, professeure adjointe spécialisée en économie du travail.
« Nous avons vraiment été interloqués par cette résurgence, et nous tentons de comprendre ce qui s’est produit durant la pandémie pour provoquer le retour de ce phénomène. »
Le collègue de la Pre Harvé, Hyewon Oh, qui s’intéresse au bien-être des consommateurs, était lui aussi intrigué par cette tendance.
« Nous avons commencé à parler de quiet quitting, avec [la Pre Harvé] et nous nous sommes demandé s’il s’agissait seulement d’un désengagement par rapport au travail, ou s’il y avait un phénomène sous-jacent plus important. Et puisque cette idée recoupait nos champs d’étude, nous avons décidé de joindre nos forces », a dit le Pr Oh.
De l’avis des deux chercheurs, le quiet quitting n’est pas nécessairement négatif. « Cela signifie que les employés continuent d’accomplir leurs tâches, mais ils vont simplement cesser d’en faire un peu plus, d’accepter des mandats supplémentaires, ou de travailler pendant plus d’heures que la normale », soutient la Pre Hervé.
Selon celle-ci, il s’agit donc de quelque chose qui est différent du désengagement.
Et donc, qu’est-ce qui a provoqué ce retour du quiet quitting dans la foulée de la pandémie? Les deux auteurs estiment que ce comportement est lié à la perception, selon les employés, d’une perte de contrôle par rapport à leurs propres circonstances durant la pandémie.
Pour évaluer cette hypothèse, les deux chercheurs ont recruté environ 1400 participants; ceux-ci ont été invités à répondre à une série de questions à propos de leur perception quant au contrôle qu’ils exercent sur leur vie.
Les réponses obtenues ont permis aux deux chercheurs de confirmer leur hypothèse, selon laquelle l’idée de l’absence de contrôle sur sa situation personnelle pourrait être un signe avant-coureur du quiet quitting.
Les résultats des travaux ont été publiés dans Human Resource Management.