En Norvège, les îles de Svalbard, situées au-delà du cercle polaire arctique, ont perdu tellement de glace en 2024 qu’elles se sont élevées de 16 mm par rapport à l’océan. Un record mondial pour un site unique.
S’il n’est pas étonnant que des milliards de tonnes de glace en moins entraînent une hausse localisée d’un territoire, il s’agit généralement là d’une curiosité mathématique ou géologique. Or, un archipel comme Svalbard est suffisamment petit pour que cette « hausse » ait pu être mesurée.
C’est que pendant une période de six semaines de l’été 2024, ce sont pas moins de 62 milliards de tonnes de glace, ou 62 gigatonnes, qui ont fondu, le double du précédent record. Cette estimation fait l’objet d’une étude parue le 18 août dans la revue PNAS.
Cela représentait 1% de la couverture glaciaire des îles. Au mois d’août 2024, la température moyenne là-bas avait été de 11 degrés, contre une moyenne de 7 degrés pendant les mois d’août des dernières décennies.
Depuis 1991 que ces glaces sont mesurées sur place et par des satellites, la perte moyenne est de 10 gigatonnes par été. Là comme ailleurs dans l’Arctique, la neige qui tombe chaque hiver ne suffit plus, depuis trois décennies, à compenser ces pertes. Sauf que dans cet archipel, le phénomène semble s’accélérer depuis cinq ans, explique au New Scientist le professeur de géographie physique Thomas Schuler, de l’Université d’Oslo et co-auteur de la nouvelle étude.
Géographiquement plus près du Groenland (440 km) que de la Norvège continentale (660 km), Svalbard compte quatre îles principales, dont seule la plus grande, Spitzberg, est habitée (3000 habitants). Elle abrite depuis 1993 une université et, depuis 2008, une « Réserve mondiale des semences », où sont entreposées des graines de plus de 6000 variétés de plantes — dans le but de préserver la diversité génétique en cas de catastrophe écologique.