2024 fut la première année à dépasser la marque symbolique du 1,5 degré Celsius de réchauffement par rapport à l’ère pré-industrielle. Mais pour la première fois, une année apparaît sur un horizon de moins de 5 ans comme pouvant être la première qui dépassera temporairement la marque symbolique des 2 degrés.
Pour être exact, la probabilité que ce soit l’année 2029 est faible: 1 sur 100, lit-on dans le rapport du Bureau météorologique britannique (MET). Mais c’est néanmoins une prédiction qui aurait été « impossible il y a quelques années », a expliqué en conférence de presse le physicien Adam Scaife, spécialiste des prévisions à long terme au MET et professeur à l’Université Exeter.
Chaque année, le MET fait, pour le compte de l’Organisation météorologique mondiale, une synthèse des plus récentes données météorologiques provenant d’un peu partout dans le monde et remet à jour en conséquence les modèles climatiques sur un horizon de cinq ans (Global Annual to Decadal Climate Update). C’est la première fois que la barre des 2 degrés apparaît ainsi. Même si la probabilité est faible pour 2029, si la tendance se maintient, cette probabilité va augmenter assez vite.
Ces seuils de 1,5 degré et de 2 degrés sont symboliques, mais ils sont aussi associés à des cibles que s’étaient fixés tous les pays de la planète en signant l’Accord de Paris, en 2015. Et ces cibles existent parce que tous les modèles climatiques s’entendent pour dire qu’au-delà d’un certain seuil, les différents systèmes de la planète —dans l’atmosphère et les océans— seront perturbés d’une façon irrémédiable.
La définition du moment où la communauté scientifique considérera que l’un ou l’autre des seuils sera définitivement franchie ne fait pas consensus. Dans l’hypothèse la plus prudente, il faudra attendre 20 ans: le seuil de 2 degrés serait officiellement dépassé lorsque le réchauffement moyen aurait dépassé 2 degrés pendant deux décennies (ou dans le jargon des climatologues: la température moyenne d’une période de 20 ans par rapport à la moyenne 1850-1900). Pour beaucoup d’experts, c’est une approche trop conservatrice.
Mais en attendant, la température moyenne mondiale d’une journée a bel et bien, pour la première fois, atteint le seuil des 2 degrés en novembre 2023, et ce pendant deux journées consécutives. Quant au seuil de 1,5 degré, il a donc été dépassé pendant une année complète en 2024, et le bilan du MET calcule une probabilité de 86% qu’au moins une des cinq prochaines années le dépasse à nouveau, et de 70% que toutes les cinq prochaines années (2025-2029) le dépassent.