Une enquête menée par des chercheurs de l’Université de Toronto semble enfin pouvoir permettre de faire la lumière sur ce qui avait été qualifié de « nouvelle maladie neurologique », et qui semblait faire des ravages aux Nouveau-Brunswick. De l’avis des spécialistes, ledit problème de santé publique ne serait ni un nouvel enjeu, ni une seule maladie, en fait.
Ainsi, selon les travaux publiés dans JAMA Neurology, il est plutôt question de cas isolés de la maladie d’Alzheimer et de Parkinson, ainsi que des cas de trouble neurologique fonctionnel. Il n’existerait par ailleurs aucune preuve soutenant l’existence d’une nouvelle maladie, affirme-t-on.
En 2019, des informations et des reportages de différents médias faisaient état d’un « mal neurologique étrange » associé à de la démence, avec une multiplication des cas dans cette province canadienne. Les services de santé publique du Nouveau-Brunswick ont déclenché une enquête pour tenter de savoir si cette maladie découlait de facteurs environnementaux ou d’une exposition à des produits toxiques.
Deux ans plus tard, ces mêmes services gouvernementaux avaient commencé à utiliser l’expression « syndrome neurologique de cause inconnue », pour décrire les patients présentant des symptômes neurologiques qui ne correspondaient pas aux critères établis dans ce domaine.
Le terme en question devait toutefois n’avoir qu’une utilité temporaire, le temps de mieux comprendre cette supposée nouvelle maladie.
Tour à tour, rappellent les auteurs de l’étude, il a été question de maladies liées à des prions, de toxines se retrouvant dans l’environnement, ou encore de problèmes neurotoxiques. Les chercheurs soutiennent que dans les médias, on aurait rapporté plus de 500 cas de cette « maladie inconnue », alors que le gouvernement du Nouveau-Brunswick a, lui, recensé 222 infections potentielles.
Régler la question, une fois pour toutes
Pour parvenir à leur conclusion et ainsi déconstruire cette idée de la « maladie inconnue », les chercheurs ont réévalué les diagnostics de 25 patients ayant été précédemment catégorisés comme ayant contracté ce « mal ». L’objectif consistait à déterminer s’il s’agissait bel et bien d’une nouvelle maladie, ou si les symptômes rapportés pouvaient plutôt être reliés à des problèmes neurologiques déjà connus.
Sur les 25 dossiers réévalués, 14 patients toujours vivants ont subi des évaluations cliniques indépendantes. Les données neuropathologiques des 11 autres personnes, déjà décédées, ont quant à elles été analysées post-mortem.
Chez les 14 patients vivants, des différences sont apparues entre les diagnostics initiaux et les constats des deuxièmes séries de tests. De ce nombre, 10 personnes, qui avaient d’abord reçu un diagnostic de démence à progression rapide, ou d’autres problèmes neurologiques graves, ont plutôt vu leur dossier être plutôt relié à des problèmes de santé déjà connus, notamment le Parkinson, l’Alzheimer, la dégénérescence cérébrale provoquée par l’alcool, ou encore la narcolepsie.
Même son de cloche chez les patients décédés entre l’obtention de leur premier diagnostic et la nouvelle étude.
Résultat: de l’avis des chercheurs des travaux publiés récemment, « les données cliniques et neuropathologiques ne permettent pas de soutenir l’hypothèse de l’existence d’une nouvelle maladie neurologique au Nouveau-Brunswick ».
Comment expliquer, dans ce cas, que plus de 200 personnes, au bas mot, aient été informées qu’elles avaient contracté cette « nouvelle maladie » inexistante?
Pour les scientifiques, la faute est en partie imputable à une surinterprétation des résultats de tests cliniques, notamment des électroencéphalogrammes et des scans du cerveau, ou encore une erreur de classification de symptômes neurologiques fonctionnels comme des problèmes neurodégénératifs.
Afin d’éviter qu’une telle situation – et la panique qui en a résulté – ne se reproduise, les auteurs de l’étude recommandent d’effectuer des évaluations cliniques indépendantes supplémentaires, histoire d’éviter les mauvais diagnostics et de réduire l’impact des avis spéculatifs.