Quelque chose comme un thriller d’espionnage à l’ancienne: avec un Steven Soderbergh tout à fait en contrôle aux commandes, Black Bag laisse de côté les poursuites, les explosions et Tom Cruise qui court pour se concentrer sur la duplicité, les soupçons et les manipulations subtiles. Avec, comme résultat, un film franchement bien ficelé.
Confronté à la fuite d’une arme informatique « capable de tuer des milliers d’innocents si elle est utilisée correctement », George Woodhouse doit découvrir l’identité du traître qui se cache parmi ses collègues de travail. Soupçonneux, voire paranoïaque, alors que même sa propre femme fait partie des suspects, il tentera de démêler le vrai du faux, alors que le temps presse.
Quasiment tourné comme un huis clos, Black Bag est un drame d’espionnage, certes, mais aussi une réflexion sur l’honnêteté au sein d’un couple. Sans oublier la notion de vérité, essentielle dans le contexte du travail très particulier qu’accomplissent tous les personnages du film.
Car tout le monde ment, tout le temps. Y compris la psychologue corporative, qui se retrouve coincée dans cette sinistre chasse à la taupe. A-t-elle trahi, au fait? Ou encore, que lui dit-on lors des sessions couvertes par le secret professionnel?
En fait, à l’instar d’une enquête policière, en quelque sorte, on suit différents indices, on remonte lentement la piste… Et pendant 1h30 (et des poussières), on se croirait dans une adaptation cinématographique d’un roman de Le Carré.
Non pas que le scénariste David Koepp atteigne nécessairement exactement le même niveau de sophistication du grand maître anglais, mais la qualité du scénario, combinée au jeu des acteurs, y compris le stoïque – voire cruel – Michael Fassbender dans le rôle principal, donne un résultat franchement agréable.
Il est quand même d’ailleurs particulier de constater que M. Koepp est aussi le coscénariste du catastrophique cinquième Indiana Jones, ou encore des excellents Jurassic Park et Mission: Impossible. Sans oublier War of the Worlds.
Quoi qu’il en soit, avec un scénario solide en main, Soderbergh joue la délicatesse, aidé en ce sens non seulement par Fassbender, mais aussi par le reste de la distribution, y compris Cate Blanchett et Naomie Harris. Sans oublier les courtes apparitions de Pierce Brosnan, sans doute habitué, dans son plus jeune temps, à des films d’espionnage autrement plus mouvementés.
Franchement bien exécuté, fort bien réalisé et interprété, avec suffisamment de rebondissements pour nous garder largement dans le noir jusqu’à la fin, Black Bag est, à l’image du fameux sac, une zone mystérieuse fascinante de laquelle on tirera une série de révélations finales qui conclueront en beauté ce divertissement tout à fait efficace.