Lorsque les grands-parents s’occupent de leurs petits enfants, ceux-ci ont plus de chances d’être installés devant un écran; cette situation, dénoncée depuis longtemps par des parents, est maintenant confirmée par une étude de chercheurs de l’Université de l’Arizona.
De précédents travaux ont déjà examiné la façon dont les grands-parents, dans plusieurs pays, supervisent le temps d’écran des petits enfants, mais cette nouvelle étude, publiée dans le Journal of Children and Media, indique qu’aux États-Unis, près de 50% du temps passé par les plus jeunes avec leurs grands-parents implique des interactions avec un appareil électronique, ou encore le fait de regarder des contenus vidéo sur un écran.
Selon la principale autrice des travaux, Cecilia Sada Garibay, « dans le cadre de notre recherche, nous avons découvert que la consommation de contenus médiatiques est non seulement importante pour les petits enfants, mais que le fait de comprendre ces contenus est tout aussi important pour les grands-parents. Ceux-ci pourraient vouloir écouter, en compagnie des plus jeunes, ou simplement comprendre ce que ceux-ci regardent ».
En compagnie de son collègue Matthew Lapierre, qui est professeur adjoint en communications, Mme Sada Garibay a interrogé 350 grands-parents vivant aux États-Unis à propos du temps passé avec leurs petits enfants et sur les stratégies employées pour gérer la consommation de contenus médiatiques.
Ces participants étaient des grands-parents, mais pas les gardiens attitrés, d’enfants âgés de 2 à 10 ans, et qu’ils supervisaient au moins trois fois par mois. Sur ces 350 participants, 178 grands-pères et 172 grands-mères ont été sélectionnés, avec un âge moyen de 55 ans. En moyenne, les petits enfants étaient âgés de 5 ans.
Toujours dans le cadre de l’étude, les participants ont été interrogés à propos de la dernière fois où ils se sont occupés de leurs petits enfants, et pendant combien de temps l’enfant avait consommé des contenus médiatiques.
Cela comprenait l’écoute de la télévision, de films ou d’autres vidéos sur une télévision, en utilisant un ordinateur ou un appareil portatif; le fait de jouer à des jeux vidéo, ou encore le fait de naviguer sur internet ou utiliser des applications sur un appareil.
Les grands-parents ont également été appelés à indiquer quelles stratégies étaient employées pour superviser leurs petits enfants, lorsque ceux-ci consommaient des contenus: la supervision, l’instruction, la restriction ou la co-consommation.
« La supervision implique de garder un oeil sur ce que fait votre petit-enfant, et sur les contenus consommés », précise Mme Sada Garibay.
« L’instruction fait référence à l’idée d’expliquer le contenu de quelque chose à votre petit-enfant, alors que les actions restrictives comprennent le fait de limiter le temps d’utilisation d’une technologie, ou les contenus qui peuvent être consommés. La co-consommation signifie simplement d’écouter le contenu aux côtés de l’enfant. »
Les deux chercheurs ont enfin demandé aux participants d’évaluer leur aisance technologique, sur une échelle de 1 à 4.
Fossé numérique
Lors du plus récent moment passé avec leurs petits enfants, les grands-parents ont évoqué une moyenne de sept heures, avec environ la moitié de cette période devant un écran. Les enfants auraient passé deux heures à regarder la télévision, ainsi qu’une autre heure à jouer à des jeux vidéo, ou à naviguer sur le web.
Toujours au dire de Mme Sada Garibay, plusieurs techniques de médiation ont été employées. Généralement, les grands-parents surveillaient ce que les enfants regardaient; l’autre option privilégiée consistait à restreindre le temps d’écran, ou de mener des discussions plus importantes. Habituellement, les grands-parents étaient peu nombreux à regarder les contenus, ou à jouer aux côté des jeunes.
Par ailleurs, les grands-parents étaient davantage portés à écouter les contenus auprès des enfants s’ils étaient eux-mêmes plus jeunes, ou s’ils étaient plus à l’aise avec la technologie. À l’inverse, les grands-parents moins familiers avec la technologie étaient davantage portés à restreindre les contenus pouvant être consultés, tandis que ceux plus jeunes ou plus calés discutaient plus souvents, avec les petits enfants, des dangers des contenus média et de ce qu’il faudrait écouter.
De plus, les deux chercheurs ont constaté que les grands-parents ayant des visions négatives par rapport aux contenus étaient davantage portés à être en désaccord avec leurs enfants adultes à propos de l’utilisation de contenus médiatiques, alors qu’une vision positive n’était pas nécessairement liée à des désaccords avec les enfants adultes.
Ultimement, Mme Sada Garibay juge que les grands-parents ont tout à gagner à développer leurs capacités en matière de technologie, afin d’être mieux équipés pour gérer la consommation de contenus par leurs petits enfants.