Il y a roguelike et roguelike, pourrait-on dire. Mais est-ce vraiment le cas? Si l’on prend l’exemple de Grit and Valor – 1949, un jeu de tactique en temps réel impliquant des robots géants et le Troisième Reich, on constate bien rapidement que malgré toutes les bonnes intentions du monde, il faut toujours s’assurer que la boucle de jouabilité soit au point.
Des nazis? En 1949? Eh oui! Les méchants par excellence ont même réussi, à l’aide de gigantesques robots armés jusqu’aux dents, à prendre le contrôle de toute l’Europe. Toute? Non! Plutôt qu’en Armorique, notre petit « village » qui résiste encore et toujours à l’envahisseur se situe au large de la principale île du Royaume-Uni. Et mission après mission, il faudra vaincre les forces de l’Axe, avant d’aller libérer une autre partie de la planète.
Pour atteindre cet objectif, nous aurons nos propres véhicules de combat, des robots qui pourront être améliorés à mesure que nous progresserons, à l’aide de pièces supplémentaires payées par les ressources récoltées lors des combats, ou à la fin d’une mission.
Les développeurs de Milky Tea Studios voyaient clairement grand, en évoquant même Into the Breach, un excellent titre provenant de la même compagnie responsable du cultissime Faster Than Light. Et il n’y a pas à dire, Grit and Valor est bien pensé, avec des visuels réussis, des mécaniques de jeu tout à fait honorables… Mais le jeu vient aussi avec ce qui est probablement le pire aspect des jeux de type roguelike.
Car c’est bien d’un roguelike dont il s’agit, avec cette idée de l’éternel recommencement, ces niveaux rejoués encore et encore et encore, histoire de finalement atteindre son objectif, ou encore de récolter suffisamment de points ou de ressources pour déverrouiller l’amélioration qui nous est nécessaire, à moins qu’il ne s’agisse de l’obtention de l’habileté essentielle pour passer à la suite.
Oui, cet aspect répétitif est nécessaire. Et oui, autant FTL qu’Into the Breach sont eux aussi des roguelikes. Mais dans le cas des deux créations de Subset Games, c’est vraiment l’aspect tactique qui sauvait la donne: on pouvait toujours prendre le temps de calculer ses prochaines actions, d’envisager divers scénarios, le tout sans se dire que le temps presse et qu’il faut constamment réagir, plutôt que de planifier.

Dans Grit and Valor, on nous offre certes un terrain de jeu tactique, y compris avec un avantage à installer nos robots en hauteur, par exemple, ou à les placer derrière des murailles pour les protéger des tirs ennemis, mais le fait que l’action se déroule en temps réel qui vient gâcher le plaisir, en quelque sorte. Car selon la façon dont le jeu fonctionne, il sera nécessaire de voir ses robots échouer et de devoir recommencer une campagne; l’échec semble forcé, plutôt que de sembler résulter de notre mauvaise planification stratégique.
La différence est subtile, oui, mais elle est bien présente, et Grit and Valor semble absolument vouloir nous renvoyer à la case départ. On se doute bien qu’il s’agit d’une occasion d’acheter des améliorations, voire de changer complètement de tactique, mais, par exemple, est-il absolument nécessaire de conserver les dégâts encaissés mission après mission? Comme il sera forcément impossible d’éviter tous les tirs, et que les opportunités de réparer nos robots sont très peu nombreuses, quel incitatif avons-nous à continuer?
Il est certainement possible de s’amuser franchement avec Grit and Valor – 1949. Mais si, à l’instar de ce journaliste, on passe beaucoup de temps à tenter sa chance dans des roguelikes, cette idée de constamment devoir recommencer au début d’une campagne, surtout en sachant que ce retour à la case départ est en partie forcé, on finira par se dire qu’il existe d’autres options pour se divertir.
Grit and Valor – 1949
Développeur: Milky Tea Studios
Éditeur: Megabit Publishing
Plateformes: Windows (testé sur Steam)
Jeu disponible en français (interface et sous-titres)